Hitler was right Productions, 2006
ThRACsh metal, France
CD
Pourchassé par les RG pour le contenu très peu légal de ses lyrics, Brutal Begude est un two-man-band inactif depuis 2006, date à laquelle ils ont sorti le présent album, avant de se carapater pour des raisons juridiques assez contraignantes.
Durant toute sa carrière, BB a été NS, toujours et par-dessus tout. C'était sa raison d'être, et ça n'a pas donné grand-chose, musicalement parlant. Oui, c'est du metal, avec de grosses guitares bien lourdes ; oui, il y a des groupes NS qui sont aussi très bons, comme Ad Hominem ou Nokturnal Mortum... mais n'est pas AH qui veut ! Brutal Begude est au metal ce qu'un nanar est au cinéma : un truc tellement bête et mal foutu qu'il en devient par là même intéressant.
\" Brutal Begude : nous haïssons les maghrébins, nous haïssons les youpins, Brutal Begude ! \"
Ca commence fort. Et ça ne va pas s'arrêter. Du début à la fin, chaque titre enchaîne les lyrics simplistes, voire carrément stupides. La moindre page du livret - où l'on peut lire toutes les paroles - contient son quota d'insultes, légales ou non, à tel point qu'on a l'impression d'être devant des chansons de rap. Pourtant, tout cela est très sérieux : le chanteur semble avoir écrit avec conviction, et c'est à un premier degré total qu'on doit ces titres dont la débilité donne des fous rires (ou des crises cardiaques, c'est selon).
Encore, si la musique était novatrice, entraînante, en un mot consistante... pourquoi pas ? Évidemment, ce n'est pas le cas. Seule la batterie est correcte et accompagne le reste comme il faut. Niveau gratte, il n'y a pas un seul riff qui ne soit pas pompé sur du Slipknot ou sur n'importe quel groupe un peu bourrin : le titre \"Bâtard\" (quand on parlait de rap !) fait penser à du Slayer mis au ralenti, avec moins de riffs et de tonus, parce que le gratteux n'est pas capable de jouer avec le même talent que King ou Hanneman. Sans parler du chanteur, qui parvient heureusement à dissimuler son accent marseillais en imitant piteusement, de-ci de-là, les grognements black ! On a même droit à une imitation de Neige dans \"Herr 18\", un titre \"mélodieux\" (comprenez : il y a des passages calmes) qui nous conte la vie d'un certain Adolf H. avec une voix suave. Bon, la qualité d'Alcest est assez loin, mais il faut admettre que c'est très rigolo.
Paradoxalement, tout ça se laisse bien envoyer : par rapport au précédent album, le chanteur a un peu amélioré sa voix (ce qui n'était pas très dur), et l'ensemble bénéficie d'un mixage très correct qui ne laisse pas de place aux fausses notes.
Ecouté un soir de cuite, de préférence après la \"chanson contre la musique\" de Didier Super (qui n'a rien à voir avec BB), ce CD prend tout son sens. Le monde débile (oserais-je dire \"morsayen\" ?) de Brutal Begude s'ouvre à vous, laboure vos oreilles avec des riffs ultra-convenus qui changent à peine du premier au dernier titre, et vous vous surprenez à avoir envie de lever le bras entre deux éclats de rire.
En bonus : une chanson illégale sur la Shoah (tout de même, aller en prison pour des lyrics aussi peu lyriques, c'est la loose...) et une mention de Kaiser Wodhanaz dans les remerciements. Qu'est-ce que le génial musicien d'Ad Hominem est allé faire dans cette galère ?