04/04/2018
Le Brise Glace, Annecy
Dans le cadre d’une mini-tournée commune, les chantres du black metal industriel français que sont Blacklodge et Pavillon Rouge ont ravi les métalleux par leur présence à la salle du Brise-Glace à Annecy, accompagnés par les Tchèques de Gorgonea Prima, jusqu’alors inconnus du bataillon. La soirée promettait donc d’être électrique, à l’image du temps orageux survenant à ce moment-là.
L’ouverture est donc assurée par Gorgonea Prima, duo venant tout droit de la Tchéquie. C’est la 1ère fois que j’assiste au concert de ce genre de groupe, composé seulement de 2 guitaristes, sans batteur humain. La logique voulant que le black metal indus préfère une batterie programmée, pour mieux coller aux différents samples j’imagine, m’a un peu refroidi de prime abord. On se laisse pourtant emporter par la qualité des compositions des musiciens dont la tenue de scène ne laisse pas indifférent. Mais je dois bien reconnaître que je suis resté au final de marbre par cette prestation trop minimaliste et pas assez énergique à mon goût. Le plus marquant avec Gorgonea Prima est la reprise osée du morceau Fuel My Fire des nanas de L7, groupe de grunge à la base !
Quand Pavillon Rouge prend le relais, on voit tout de suite pour qui le public est venu ! Et cela peut se comprendre facilement étant donnée la notoriété toujours grandissante du combo grenoblois. Vu comme un OVNI du black metal, il n’en respecte pas moins les bases musicales. C’est surtout cette touche mélodique et cet état d’esprit qui fait tout de suite mouche, avec cette influence pop d’Indochine tout à fait assumée ! Tout cela donne un cocktail explosif pour le live et l’assistance ne s’y est pas trompée, complètement embarquée par le set. Encore un peu déçu des guitares en retrait, comme lors de leur précédent live dans le même lieu, je me suis laissé entraîné dans cette ambiance folle tellement bien maîtrisée, avec une touche de solos de guitares maintenant intégrée. Naturellement, la bande à Mervyn Sz. était présente pour défendre son 3ème album fraîchement sorti, Dynasteïa Klub. Inutile de vous dire que cela donne envie de s’y pencher dessus d’autant qu’on dit souvent (c’est presque cliché même) que le 3ème skeud est celui de la maturité…
Enfin, si on me demande un groupe français de black metal indus, je réponds facilement Blacklodge. Et pourtant, je ne connais pas vraiment cette scène-là ! C’est donc pour recevoir une leçon de ce style que je suis aussi venu ce soir-là ! Tant pis pour les gens nombreux à avoir déserté la salle d’un seul coup ! C’est sûr, on retombe dans une atmosphère froide, pesante. Mais c’est quand même ça, le black metal à la base, non ? Cette fois-ci, la batterie programmée ne laisse pas indifférent. Elle apparaît ici oppressante. Les guitares rythmiques en mettent une couche supplémentaire avec ce son typique de l’Art Noir, parfois thrashy. On peut aussi dire que la vidéo projetée en arrière-plan comble à merveille l’espace vide laissé par une vrai batterie. Ses images illustrent tout à fait bien, synchronisées à la musique, les pensées lugubres de Saint-Vincent !
Une touche de modernité pour Gorgonea Prima, une musique décalée pour Pavillon Rouge, et un black indus des traditions proposé par Blacklodge : voilà la recette d’une affiche tout à fait réussie. Et quand on sait qu’elle a été proposée gratuitement avec une qualité certaine, franchement, les organisateurs ne se sont pas foutus de notre gueule ! A bon entendeur...