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Guru : Revel In The End Of The World

L'Ordalie Noire, 2025

Black Metal, France

Album CD

Ǥứŕū. Derrière ce nom à l’ortographe bizarre se cache celui qui incarne l’âme des Chants de Nihil, le chanteur et guitariste Jerry. L’honnêteté oblige votre serviteur à reconnaître qu’il ignorait l’existence de ce side-project qui n’en est pas (plus) vraiment un et déjà auteur d’un EP ("XX") suivi d’un premier long  ("Nova Lxx") auxquels succède aujourd’hui "Revel In The End Of The World". C’est donc une découverte. Et une belle.

Ce qui n’étonne pas tellement quand on sait le talent de son créateur, musicien à l’identité sonore singulière au sein de la chapelle black metal. L’intéressé présente Ǥứŕū comme bien différent de son principal port d’attache avec lequel il partage certes un goût identique pour les compositions à l’architecture assez monumentale mais moins (voire pas du tout) les effluves doom qu’exhale un art noir davantage porté sur les atmosphères que sur la noirceur brutale. On pourrait qualifier ça de black doom mais cette étiquette, facile, résume mal une musique dont la flamboyance se marie à une grande puissance mélodique.

Si la qualité d’écriture et d’exécution ne surprend pas de la part de Jerry, solidement entouré (mention spéciale au bassiste qui signe des modelés tout en rondeur enveloppante), la performance vocale du maître des lieux nous épate en revanche, surtout dans un registre clair dont la théatralité superbe n’est pas sans rappeler Arcturus, auquel on pense beaucoup à l’écoute de ‘Initiation Ritual Of The Burning Rope’. Ce n’est pourtant pas ce morceau, au demeurant grandiose, qui accroche d’emblée la mémoire et donne envie d’insister dans la défloration de ce deuxième album mais l’immense ‘Return To Sagittarius’ qu’emporte le chant de Jerry lequel, associé à des sonorités tout en emphase cosmique, file littéralement des frissons. On tient là l’apogée de l’écoute et peut-être même un des titres les plus beaux de l’année. Mais oui.

Mais chacun des cinq titres abrite des surprises, de changements d’ambiance, des breaks qu’on ne pressentait pas forcément, comme l’illustrent autant le terminal ‘Divination In the Bowels’ qu’élèvent dans les dernières minutes des guitares majestueuses sur un lit de synthés bourgeonnants, que ‘Man-Eating Shapeshifter’ qui chemine sombrement en un périple tordu. Quant à ‘Revel In the End Of The World’, il est à la fois doom dans sa lenteur engourdie et très black dans ses riffs grésillants, paysage toutefois perturbé par ces nappes de claviers aux relents psyché.

Emotionnel et organique, "Revel In the End Of The World" est un disque remarquable, alliant qualité de composition et technique irréprochable à un univers très personnel. 

Childeric Thor - 8/10