La Horde Noire Webzine metal extrême depuis 2002

Abigor : Leytmotif Luzifer

ABIGOR - Leytmotif Luzifer

Avantgarde Music, 2014

Black Metal, Autriche

CD

Parmi la multitude de groupes de Metal Noir qui n'ont pas eu l'honneur d'apparaître dans ces pages, il en est un qui mérite une place d'honneur. Abigor.

Pour les plus anciens, cela évoque une musique brutale, satanique, ponctuée d'influences médiévales et atmosphériques, avec un chant hystérique et sans concession, et des albums de références tels Nachthymnen, Apokalypse ou Opus IV ... Ce jusqu'en 98 et le départ surprise de Silenius, leur chanteur historique, après un album de Black Orchestral qui figure parmi mes favoris, Supreme Immortal Art . Suivront deux albums ruinés par un chant inadapté et un manque d'inspiration. Puis le split, avant le retour triomphant d'un Abigor transfiguré, moderne mais toujours aussi maléfique, avec un nouveau chanteur charismatique, AR : Fractal Possession fera le pont entre l'ancien Abigor et des groupes tels DEATHSPELL OMEGA ou BLUT AUS NORD, avec ces riffs lancinants, ces morceaux déstructurés et cette ambiance apocalyptique. La suite sera moins glorieuse : un Split en deux volumes avec BLACKLODGE sur le thème du temps, avec deux titres pour 40 minute, de qualité, mais inférieurs à leurs oeuvres passés. Puis une relecture de leur album de 99 Channeling the quitessence of Satan , avec un AR derrière le micro toujours aussi convaincant, qui rehaussa le niveau de cet opus. Un second disque accompagne ce réenregistrement : une compilation de titres démos dont le son aurait été nettoyé. Historiquement essentiel, j'avoue ne pas avoir écouté plus de 10 fois ce second disque. En revanche pas de véritable album depuis 2007...

Et 7 ans après surprise en cascade : Abigor revient avec un nouvel Opus, sans l'excellent AR. A la place, un chanteur de session, Silenius ! De retour au Black Metal, avec l'aide de son compère de SUMMONING, Protector. Je me suis pris à rêver d'une suite à Supreme Immortal Art , avec le coté poisseux de Fractal...
PK ruinera ces espoirs, annonçant une musique brute, sans éléments synthétique, évoquant le bien nommé Apokalypse . Un retour à Apokalypse ???? Pourquoi pas. L'attente fut longue entre la précommande et la réception de ce disque. Quand enfin je mis la main dessus, c'est fébrilement que je l'ai engouffré dans le lecteur CD, son à fond. Du larsen, le chant de Silenius très proche de AR, (moins criard qu'auparavant et bien moins déformé par la réverb), et une déferlante de notes. Oui retour à la furie de Apokalypse on dirait bien...
... et en fait non. Rapidement le titre évolue vers des quelque chose de plus syncopé et complexe, dissonant... Les titre suivants sont plus posés, proches de la scène Black Orthodoxe, ce qui n'est pas pour me déplaire, la guitare, que dis-je, les guitares, occupent une place centrale, et on reconnaît ces leads typiques du démon autrichien. Silenius éructe toute sa rage avec panache, il y a fort longtemps qu'il n'avait pas offert une prestation pareille. La fin du disque se veut plus brutale, avec pas mal de breaks faussement apaisants, avant le morceau fleuve du disque Temptation VII : Excessus . Celui-ci nous plonge dans les tréfonds de l'Enfer, en prenant tout son temps pour nous trainer au sol avec lui, nous malmenant avec son ambiance « religieuse » aidée par les voix claires désincarnées, tout espoir de rédemption étant vain... Un final magnifique, désenchanté et pessimiste.

Vous l'aurez compris, cet album est proche de Fractal Possession , sans parvenir à en atteindre le niveau d'exception. Les titres sont variés mais manquent quelque peu d'efficacité de par leur complexité. Bien que difficile d'accès, il est indiscutable que cet album d'Abigor est une excellente surprise, qui laisse présager des albums dignes de leur légende par la suite...

Aloerw - 8,5/10