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Andromeda : Fustaña 06

ANDROMEDA - Fustaña 06

Titan Woods Productions, 2013

Black Metal, Espagne

Titan Woods Productions

Curieuse trajectoire que celle d'Andromeda, obscure entité ibérique, en fait - encore - un one-man band comme le True Black en dégueule à foison, dont la maigre production s'est longtemps résumée à un seul split scellé en 2010 avec SENTIMEN BELTZA. Trois ans plus tard, Fustaña 06 surgit doublement des limbes : celles de ce projet dont on ne sait s'il est vraiment encore en activité, faute d'information à son sujet, celles aussi du label Titan Woods qui édite cette tape, testament d'un catalogue précieux où l'on croise quelques unes des hordes les plus intéressantes ayant vu la nuit en Espagne et au Portugal, telles que EREMITES, INSALUBRE ou OWL'S BLOOD, pour n'en citer que trois.

Cette publication pourrait laisser croire qu'Andromeda n'est pas (déjà) mort. Il n'en en fait rien puisque il s'agit en réalité plus d'une compilation que d'un véritable album en cela que ces cinq ruminations ont été capturées en 2006, comme le titre sous lequel elles sont aujourd'hui rassemblées, l'indique. Ces enregistrements nous ramènent - sans doute - au début du groupe (?), une époque où le bonhomme, bien que responsable de tous les instruments, était parfois secondé dans ses efforts par d'autres êtres vivants, essentiellement derrière le micro.

Si son écrin, d'un blanc étonnant où se détache un dessin de femme nue, tranche agréablement avec les visuels faits de lugubres forêts dont le genre a habituellement recours jusqu'à l'indigestion, le contenu de Fustaña 06 se révèle en revanche bien plus orthodoxes, tant dans la forme - des morceaux simplement numérotés de 000 à 004 - que dans le fond, celui d'un Black primitif à l'enrobage rachitique, rêche comme la peau d'un déporté. Le chant de gargouille hurle, les guitares polluent l'espace, le tempo galope, propulsé par une batterie rudimentaire... Bref, que du déjà entendu auparavant.

Mais comme souvent, la magie opère, aidée par cette prise de son abrupte garantie première prise qui sent la répét', ces riffs usés jusqu'à la corde du pendu finissent par vous engourdir, burin tailladant les chairs. \"AND003\" et \"AND004\" sont ainsi des perles noires dont les modelés simples et répétitifs se parent de cette beauté sinistre et obsédante à la fois typique du Black artisanal. Une surprise toutefois, avec \"AND000\", longue complainte occupant toute la première face de la cassette, témoignant d'une inspiration certes mineure mais non dénuée de ce charme de la série B, ce qui ne peut que nous faire regretter l'avenir incertain de ce projet franchement cryptique comme on les affectionne.

Childeric Thor - 7.5/10