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Angellore : Errances

ANGELLORE - Errances

DreamCell 11/Aural Music, 2012

Atmospheric Doom Metal, France

Full-Lengh

Walran aime la musique qu'il joue. Bien sûr, dit comme ça, l'affirmation tient du truisme qu'il peut paraitre inutile d'énoncer. Oui. Mais là où de trop nombreux musiciens se limitent à braconner sur les terres à la mode, lui se moque bien de savoir si le Neofolk (qu'il exalte avec le modeste mais précieux BETRAY-ED) ou le Gothic Doom sont des genres à tiroir-caisse. Le plaisir, la sincérité se révèlent être les seuls vecteurs de son inspiration. S'il était encore à l'école lorsque MY DYING BRIDE contribuait à façonner la sculpture mortuaire du Doom/Death britannique ou lorsque TRISTANIA offrait ses lettres de noblesse au Doom atmosphérique, cela ne l'empêche pas de voir dans ses veines couler un feeling identique avec Angellore, groupe qu'il a a formé avec son frère spirituel, Rosarius, il y a à cinq ans à peine.

Agréablement séduits par Elégies aux âmes perdues gravé en 2009, c'est avec impatience que nous attentions de voir quelle pourrait être la teneur d'un véritable album, bénéficiant en outre d'une distribution moins confidentielle. Fini l'amateurisme de mise sur la demi douzaine de petites offrandes qui l'ont précédé, lequel lui conférait toutefois ce charme et cette aspérité dont se nourrit le style, Errances est une oeuvre professionnelle qui n'a pas à rougir face aux productions scandinaves. Debarrassé du suaire qui le figeait dans le marbre, Angellore peut maintenant laisser exploser une écriture qui retrouve l'essence même de ce que fut le doom atmosphérique des années 90, sous-chapelle malheureusement aujourd'hui désertée que les Français (re)visitent à leur manière, respectueuse mais non sans personnalité.

Les esprits chagrins noteront et regretteront que la plupart des prières qui émaillent cette première ostie officielle, soient déjà connues car parsemant déjà, soit Elegie aux âmes perdues (\"Dans les vallées éternelles\", \"I am the Agony\") soit le split avec MERANKORII (\"Weeping Ghost\") cependant que le single Shades Of Sorrow voit ses deux titres également repris. Ce n'est pas grave. Mieux, ces relectures nous permettent même de mesurer les progrès notables réalisés par leurs auteurs, les versions d'origine prennant de fait des allures de brouillon, d'ébauches que Angellore a sû magnifier.Transformées, transcendées et du coup, (presque) redécouvertes, ces compositions brillent d'un lustre funéraire qu'on ne leur connaissait pas.

Se partageant le chant et les instruments (sauf la batterie), Rosarius et Walran offrent à des perles telles que \"Shades Of Sorrow\" ou \"Dans les vallées éternelles\" une (dé)mesure nouvelle. Bien qu'évitant parfois de justesse de sombrer dans certains clichés visuels ou textuels (\"Tears Of Snow\", bon titre au demeurant et l'un des deux inédits avec \"... Where Roses Never Die\", lesquels laissent présager de très bonnes choses pour la suite), sans lesquels le Doom atmo ne serait toutefois pas ce qu'il est, Angellore fait plus que confirmer les bonnes impressions laissées par ses âinés. Gageons qu'avec l'appui d'un label tel que Aural Music, le groupe ne devrait plus tarder pas à sextraire de l'anonymat. Il en a le potentiel mais ses membres ont-ils cette ambition ?

Childéric Thor - 8/10