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Anhedonist : Netherwards

ANHEDONIST - Netherwards

Dark Descent Records, 2012

Doom Death apocalyptique, USA

CD

Le nom du groupe, signifiant l'incapacité chez certaines personnes, à ressentir le moindre sentiment ou empathie, vaut à lui seul tous les discours, les phrases entières, que l'on pourrait écrire sur ce premier méfait affreusement noir qu'aucun rai de lumière, même fugace, ne vient jamais éclairer.

Creusé par cinq Américains en apnée, Netherwards fore la roche d'un Doom oscillant entre Death Metal, à l'image de \"Saturnine\" qui, après une intro au souffle ambient, démarre sur un sprint avant de se tranformer en zombie pataugeant dans les viscères et Sludge apocalyptique façon ALDEBARAN ou THE HOWLING WIND, soit avec ce son cendreux, sale et minéral à la fois. C'est d'ailleurs lorsqu'il serre le frein à main que Anhedonist se montre le plus impérial, le plus sur de lui et de sa capacité à dresser une falaise massive que viennent éroder les assauts d'un chant hurlé porteur d'une maladie infâme.

\"Estrangement\" et \"Inherent Opprobium\", lequels totalisent à eux deux plus de la moitié d'un menu d'à peine 40 minutes, incarnent cette facette extrêmement malsaine que râclent des guitares corrosives, plantées dans la pierre et qui ne filent jamais droit, témoin le gouffre au bord duquel elles sculptent à la manière d'un burin, des ondes malfaisantes lors du final du premier des deux titres funéraires. D'abyssal, le groupe peut passer à l'émotion, le temps des mesures d'ouverture de l'ode terminale où une six cordes vibre d'une tristesse désespérée. Monolithique, \"Inherent Opprobium\" adopte la forme d'une descente à la mine sans espoir de retour, suffucotante et définitive au bout de laquelle ne peut surgir que le vide d'un vertigineux trou noir. Un quart d'heure durant, Les Américains distillent une semence goudronneuse, finalement plus proche du Black Metal que du Doom à proprement dit, qui vous engourdit jusqu'à faire tomber la température au-dessous de zéro.

Soit, Anhedonist n'invente rien, se contentant d'arpenter un tunnel où des bien plus nocifs que lui sont déjà passés par là, toutefois, la maîtrise dans l'austérité sonore dont il fait preuve force le respect à défaut de succiter la passion. Ce qui viendra (ou non) avec le temps... En l'état, on tient là un jet séminal d'une insolente qualité que beaucoup peuvent déjà lui envier !

Childéric Thor - 7/10