Samla Music / Antigone Project, 2013
NewWave moderne, France
CD
La musique dite « sombre » a-t-elle des ramifications dans le genre électronique, où l'usage des machines est prédominant ? En gros un groupe dont l'essence même repose sur un processus non organique, donc sur le travail des sons, est-il crédible et peut-il revendiquer une appartenance à l'Art Sonore Noir ?
Nul ne l'ignore, l'apport des Boites à rythmes au sous-genre Metal Indus fut et demeure essentiel, avec ses nombreuses variantes, notamment dans le Black Metal. Là, pas de souci, leur ralliement à notre cause ne fait pas de doute.
Ensuite, les groupes dit Ambiant / Ritual / Harsh tels les Lustmord / In Slaughter Natives / MZ.412 ou autre Ulf Söderberg, qu'ils dégagent où nom une violence inouïe, enrobent pour la plupart leurs créations audio d'une aura funéraire indiscutable. Donc là non plus, pas d'hésitation. Il faut ensuite se tourner vers une scène plus mainstream, Goth/Synth Pop / Dark Wave / Trip Hop (je vous fais un packaging global). Là je serai plus prudent. Si certains titres des MASSIVE ATTACK sont des tubes calibrés radio sans rapport avec notre Art, certains de leurs morceaux plus pesants, plus emprunt d'angoisse et de crasse, ont leur place dans nos pages ( Inertia Creeps ). Il en va de même pour DEPECHE MODE. Oui ce groupe qui fit danser le monde entier sur You can't get enough (enfin ceux déjà nés ou qui dansent...) a sorti quelques titres vraiment sombres, emprunts de spleen et de désespoir (écoutez l'album Music for the masses ). Je ne m'épancherai pas trop sur la scène Goth car sorti d'un LACRIMOSA fortement métallisé, cette scène me laisse de marbre et constitue un vivier à poseurs sans âme qui se complaisent dans les clichés les plus navrants sans partager l'esprit qui est le nôtre. Donc la scène à dominante électronique peut mériter de figurer dans ces colonnes sous certaines réserves.
Quid du disque qui fait l'objet de cette chronique et m'a donné l'occasion de rédiger ce pamphlet ?
Un doux parfum de New Wave s'échappe de ce premier EP du quatuor français. Une New Wave qui a pour mentor DEPECHE MODE, avec un travail très minutieux sur les sonorités. Celles-ci sont très Electro / EBM voire Space Trance (je ne suis pas persuadé que ça existe, n'étant pas un spécialiste de l'électronique), trop parfois pour mes chastes oreilles. Le chant en anglais est assez proche de celui de Dave Gahan, sans pour autant être un clone (ni atteindre la profondeur dramatique de ce dinosaure).
Cependant comme évoquer plus haut, DEPECHE MODE a deux visages, l'un austère et mélancolique, l'autre festif et dansant. Et Antigone Project est, à l'instar d'un GIRLS UNDER GLASS, entre les deux : les sonorités futuristes sonnent un peu trop dancing à mon gout mais retenue sophistiquée des morceaux évite au groupe une exclusion immédiate du lecteur cd. Notons une riche idée du groupe sur Egolist : l'usage du français, sympathique, beaucoup plus plaisant que l'anglais. Cet Ep s'achève sur un titre qui se fait moins doux, plus lourd et puissant, The Voyager . J'adhère bien plus à ce type de morceau, plus pêchu et cybernétique.
Au final, je dois avouer, à regret, ne pas avoir apprécié les écoutes répétées de cet enregistrement. Même si je salue le travail minutieux effectué par les musiciens, respecte leur qualité d'écriture, ce n'est simplement, pas mon style de prédilection...