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Aquilus : Griseus

AQUILUS - Griseus

A Sad Sadness Song, 2011

Atmospheric Black Metal, Australie

Full-Lengh

Certains veulent trop en faire, profitant de l'amélioration des techniques pour remplir jusqu'à la gueule leurs disques. Or, il en faut du talent pour maintenir l'intérêt de l'auditeur pendant plus de 80 minutes (!)... Qualité dont ne peut pas (encore) s'enorgueillir de posséder le dénommé Waldorf, unique membre d'Aquilus, one-man band donc, qui a vu la nuit en Australie on ne sait pas trop quand.

Deux démos et un EP plus tard, le solitaire accouche d'un premier album au contenu pantégruélique que pourtant seuls neuf titres remplissent. Vous aurez compris que ceux-ci prennent leur temps, frollant même les 20 minutes pour le dernier d'entre-eux (quel originalité !). Nonobstant certaines vertues sur lesquelles nous reviendrons, Griseus ne peut tout à fait gommer la nature même de sa genèse, celle d'un amoncellement de pistes au départ probablement destiné au seul format digital (c'est d'ailleurs via la page Bandcamp du projet qu'on l'a tout d'abord découvert), puis finalement repéré par ATMF via sa sous-division vouée au Black/Dark atmosphérique et évolutif, A Sad Sadness Song, qui en assure la promotion.

D'ailleurs, comme toujours, le label n'y va pas avec le dos de la cuillière en comparant cette modeste création à une recontre entre ENNIO MORRICONE, DIABOLICAL MASQUERADE et OPETH (entre autres) ! Si l'influence du dernier est palapable, comme le démontrent, notamment, les mesures d'ouverture de \"Nihil\", on cherche toujours les autres références dans ces nappes d'un Black Metal plus symphonique qu'atmosphérique, plus pompeux que romantique (dans le sens allemand du terme).

Basées sur un tapi de claviers envahissants et trop peu de guitares, ces compositions auraient mérité quelques francs et bien placés coups de ciseaux. Cela est d'autant plus vrai et regrettable, que l'Australien s'y entend pour peindre des paysages, parfois douloureux (\"Loss\" et son pont orchestral), ou sombres la plupart du temps (\"In Lands Of Ashes\", longue et belle épopée quasi instrumentale nouant au final plus de lien avec la musique classique qu'avec un art noir des plus lointains). L'oeuvre est parcourue par un souffle épique réel mais souffre trop de n'être que le jouet d'un musicien autiste.

Bref, tout cela sent le renfermé cependant qu'on se demande ce que vient faire là le court (selon les standarts en vigueur chez l'Australien !) \"Latent Thistle\" qui, loin d'en briser la trajectoire, tombe comme un cheveux sale sur cet agglomérat peu digeste. Mais Waldorf a des idées et se révèle être à l'origine de quelques moments d'une mélancolique majesté. En canalisant son écriture, comme il a déjà sû le faire par le passé, témoin le EP Arbor , son projet ne devrait pas rester circonscrit à une poignée d'amateurs.

Childéric Thor - 6/10