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Arbeit! : Zum Einem Neuen Licht

ARBEIT! - Zum Einem Neuen Licht

Autumn Wind Productions, 2007

Indus néo-classique, France

CD

Comme les noms de l'album et du groupe ne l'indiquent pas, Arbeit! est un projet musical français. Animé par Greg L., ancien guitariste de son état, il a donné naissance à un album martial-indus sur la seconde guerre mondiale. Dans le martial-indus, ce thème est récurrent, cependant il y a quelques petites choses qui font de prime abord différer Arbeit! du reste. Greg est guitariste, mais il s'est laissé tenter par d'autres horizons que ceux du metal, et ainsi Zum Einem Neuen Licht est un album réalisé sans aucune note de guitare.
Qu'y a-t-il donc dedans ?

Le premier morceau, \"Totalen Krieg\", nous met en condition : bruit de sirène, sample vocal d'un certain Adolf H., ce titre ressemble à une techno extrêmement lente dont le beat serait presque méditatif. Sans être hypnotique, il se laisse facilement écouter plusieurs fois. Ensuite vient l'album proprement dit. Chaque titre joue sur du violoncelle ou sur du piano. De longues minutes durant, les sanglots du violon nous étreignent, avec un cachet très authentique même s'il s'agit sans doute de violoncelles virtuels.
Zum Einem Neuen Licht est empreint de néo-classicisme nostalgique ; l'Europe a sauté un pas, et elle ne peut plus revenir en arrière. C'est ce passage, absurde et inévitable, qui nous attire et nous effraie. Tel est le message qui transparaît dans l'atmosphère portée par les morceaux. Car là-dedans, le violon ou le piano sont sans cesse entourés par des bruits de bottes, des roulements de tambour, des nappes de clavier... Sans parler d'un discours, ou d'un chant, qui apparaît ici ou là. \"Russia\", lent comme la neige, semble exprimer à travers le violon le \"à quoi bon\" des russes, nihilisme à la Dostoïevski, spécifique aux steppes enneigées où l'on s'éclairait à la bougie en buvant de la vodka. \"Le chant du diable\", quant à lui, reprend un chant de la Waffen-SS en le mettant en relief. Des nappes de tambour, de piano, des explosions bombardent les abords du chant. \" Là où nous passons, que tout tremble [...] et le Diable en rit avec nous ! \". Epique, attirant : on ne peut se l'imaginer, ce qu'ont vécu ces gens ; tout ce que nous pouvons voir est la petitesse des phrases d'aujourd'hui, des vains bruits de bouche partisans qui ne nous rappellent rien du tout. Vous voulez connaître la seconde guerre mondiale ? Jetez vos livres d'école à la poubelle ! Une atmosphère historique ne provient pas de statistiques froides ni de récits tronqués. Elle se vit, ou sinon elle se ressent. Et c'est dans ce genre d'album, dans un Obéir ou mourir de Dernière Volonté ou dans Zum Einem Neuen Licht que l'on se fait une idée profonde et charnelle de ce qu'à pu être la guerre de 39-45. Une idée un brin fantasmée, peut-être ; mais une idée réelle qui prend aux tripes !
Les titres les plus profonds sont ceux axés autour d'un discours ou d'un chant. \"Le chant du diable\", bien sûr, mais aussi \"Le destin de la patrie\", où l'on entend la voix chevrotante de Philippe Pétail, hissé au pouvoir après la défaite. Au son d'un piano, d'un violon, devenus plus posés, et bien sûr dans les mots fragiles du Maréchal, on ressent la détresse noire de la France défaite qui d'un coup ne voit plus son avenir. On a l'impression d'être au chevet d'un poste de radio ; le violon, serrant l'air, puis le piano aux notes gouttelées, reforment l'atmosphère de l'époque.
Au début, il nous semble entendre une musique en noir et blanc. Puis, dans l'avant-dernier titre, \"Solitude\" les samples d'époques disparaissent, et même si la musique reste la même, elle renvoie alors à un sentiment beaucoup plus actuel. C'est \"Das Ende\" - le dernier morceau - qui nous rappelle, au son d'une bouche à feu, que nous sommes toujours dans les années 40. Mais ici, le piano se fait plus grave, le violon devient aigu comme le chant d'un cygne, et tout se dissout dans un bruit de vent... Le vent de l'Histoire ?
Les percussions sont intelligemment utilisées, de même que les samples. Ici, pas de roulements de tambour incessants qui chercheraient à éblouir un auditeur en manque de techno ; ils affleurent de temps en temps, comme un vice d'époque dont on se plaindrait tout en se laissant porter par lui.

Au fond, Zum Einem Neuen Licht tourne autour de recettes assez simples. Piano, violon - dont les sonorités se ressemblent assez d'un morceau à l'autre - tambours et samples. Avec ces quelques éléments, Greg forme un tout étrange, un Obéir et mourir qui serait devenu court et délicat. N'écoutez pas cet album si vous déprimez, cela vous enfoncerait ; autrement, c'est une pièce très intéressante, qui noue un lien étrange avec une période de l'histoire par rapport à laquelle nous ne savons pas comment nous situer.

M.O.I. - 8/10