Drakkar Productions, 2011
Raw Black Metal, Portugal
7'EP
Il y a des groupuscules qui suintent l'underground par tous les pores et dont on se dit qu'ils ne pourraient proliférer sous la lumière écrasante du jour, représenté par la signature sur un label à visée franchement commerciale. Incarnant les ténèbres et les vraies valeur de l'art noir tel qu'il aurait dû le rester, Arcanus Tenebrae est de ceux-là.
Car voilà une bête solitaire, dont le l'unique membre demeure anomyne qui cultive cette appartenance à une obscurité qu'il ne cherche surtout pas à quitter, autant dans la forme (7', cassettes et autres supports préhistoriques ont - forcément - sa faveur, objets minimalistes comme il se doit et ne jurant que par le noir et blanc) que dans le fond en forgeant dans une cave rongée par la pénombre un Black Metal primitif et authentique garanti 100% première prise et sans OGM à l'image d'un Mal originel dont on ne compte plus les modestes artisans qui cherchent à capturer cette aura, cette vibe fixées par BATHORY et DARKTHRONE d'une manière parfois bien involontaire d'ailleurs, faute de moyens.
Mais l'équilibre entre bouillie inaudible et son malsain et dépouillé s'avère ténue et seule une poignée de misanthropes parvient réellement à ne pas patauger dans la première pour vomir le second avec sincérité et maîtrise. Cette petite chose d'une dizaine de minutes, gravée par le Portugais en 2010, le prouve. Les deux pistes (plus une inutile introduction dont l'unique raison d'être là est sans doute de remplir la face A du vinyle) de Abyssum Invocare exsude une telle noirceur cradingue et malfaisante qu'elles semblent vraiment être l'oeuvre d'une créature de la nuit. Arcanus Tenebrae ne triche pas et ce faisant (re)donne tout son sens au mot \"evil\", terme par trop galvaudé car utilisé jusqu'à l'indigestion par ceux qui ne comprennent rien.
Ni véloce ni vraiment englué dans un stupre démoniaque mais pourtant un peu les deux à la fois, c'est un Black Metal qui palptite d'un souffle cryptique comme seules les hordes du bord de la Méditerranée savent l'inonder depuis leur membre turgescent tavelé de veines dans lesquelles coulent un fluide de négativité. Si vous désirez savoir ce qu'est le véritable art noir, culte et intègre, on ne saurait trop vous conseiller de vous procurer ce 7' édité par le respectable Drakkar, label de bon goût s'il en est et plus encore la récente édition de Odium In Homines (2008) et de Summa Essentia Obscura (2009) en cassettes sous la forme d'une noble boîte en bois gravée d'une croix inversée et dont le livret qu'elle cache dans ses entrailles est numéroté à la main et porte le nom de son acquéreur !