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Asofy : Percezione

ASOFY - Percezione

Avantgarde Music, 2013

Post Black Metal, Italie

CD

Ne vous fiez pas trop au visuel charbonneux de Percezione , promesse de quelque descente aux enfers dans les arcanes d'un Black Metal suicidaire, de malsaines et polluées ruminations, vous n'en trouverez pas vraiment dans cet album qui préfère errer dans les caveaux d'un metal hybride, aux confins du Doom et d'un post-rock squelettique. Au moins, comme espéré, cela ne respire-t-il pas la joie de vivre, long râle trempé dans un spleen grésillant.

Nombreux seront ceux à découvrir ce one-man band (quoi d'autre ?) italien avec cette offrande alors que celui-ci existe depuis 13 ans déjà ! Mais entre ebYm en 2001 et Percezione , c'est un long tunnel vide qui s'étire, toutefois fissuré par un EP ( Lento Procedere Prima Del Sonno ) et un split avec SLEEPING VILLAGE, l'autre formation du dénommé Tryfar, laquelle l'a occupé une bonne part de son temps depuis 2008. La proximité géographique explique peut-être pourquoi Avantgarde, qu'on a connu plus exigeant, plus aventureux également, a signé ce projet certes bien fait mais vierge de cette étincelle que nous étions en droit d'attendre et qui ne jaillit qu'à de (trop) rares instants.

Sculptant son mal-être à travers quatre aussi longues qu'interminables plaintes, c'est peu dire que d'affirmer qu'Asofy prend (trop) son temps pour broder des ambiances dépressives qui se délitent, se traînent paresseusement aux portes d'un Black diaphane aux consonances Shoegaze (\"Ombra\"). Pourtant, Percezione commence plutôt bien avec ce \"Luminosita\" qu'irriguent des lignes de guitares décharnées cependant qu'un chant hurlé se charge d'appuyer sur l'interrupteur. Peu à peu, des teintes atmosphériques se parent d'une noirceur hivernale pour exploser lors de mesures terminales écrites à l'encre noire du désespoir le plus poisseux, le plus trouble.

Dommage que le reste de l'écoute n'atteigne ensuite plus vraiment ce niveau, hormis lors de fugaces geysers de beauté. Citons l'amorce de \"Saturazione\" dont les accords grêles et pluvieux annoncent une profonde excavation malheureusement un peu avortée par une seconde partie plus délavée que terreuse, doucement mélancolique. De même, le quart d'heure d'\"Oscurita\" est parsemé d'images émotionnelles certes douloureuses mais finalement plus proches d'un NOSOUND meurtri, ravagé que de la décrépitude noire et doomy attendue, à tort peut-être.

Reste que Asofy n'est pas sans charme, ce qu'il doit avant tout à cette identité italienne qu'incarne le recours à la langue nationale, porteuse d'une amertume ensoleillée. Percezione est souvent beau, parfois triste, mais sans doute se trompe-t-il de public...

Childeric Thor - 6.5/10