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Bathory Legion : Bukkake S.T.N.

BATHORY LEGION - Bukkake S.T.N.

Alchemic Sound Museum, 2012

Dark Ambient, Italie

CD

Il a beau être habillé d'un noble, bien qu'épuré, digipack, Bukkake S.T.N. n'en reste pas moins une rumination viscéralement effrayante, profondément malsaine, à ne pas glisser entre toutes les oreilles. Son visuel, entre bondage mortifère et horreur glauque, se veut l'écrin fidèle d'une partition maladive, grouillante de sons parasités, de verrues assourdissantes aux confins de la Noise.

Ceux qui ne connaitraient pas Bathory Legion, sachez que la créature ne noue bien entendu aucun lien musical avec le regretté Quorton dans l'oeuvre duquel on se perdrait à chercher une vague influence quand bien même les efforts de la jeune Romaine se cachant derrière ce projet peuvent mais très maladroitement, être arrimé au Black Metal dont il ne subsiste ici qu'une âme torturée, une carcasse récurée par d'apocalyptiques et noires émanations.

Sa courte durée - une petite demi heure à peine - n'altère en rien la puissance rampante de ce second méfait aux allures de symphonie lugubre, derelict pétrifié errant à la surface de miasmes occultes et longeant les frontières de la Dark Ambient. Bien que bordé par des pulsations qui éjaculent des coulées étonnamment non sans une certaine beauté, à l'image des dernières mesures de l'introductif \"The Nethermind\" ou du court \"Opus Omnia\" que hante un piano aux accents grêles, l'album palpite d'une sève acide, qui pollue, contamine tout ce qu'elle touche.

Bourdonnantes et rongées par une lèpre insidieuse (\"Anechoic Flesh\"), ces reptations ont quelque chose d'une déambulation dans les couloirs d'un asile (\"Transfiguration\", que peuple toutefois par moment des sonorités étrangement belles). Lointaines, les voix trafiquées, oscillant entre gargouillis et hurlements, ajoutent à l'ambiance abyssale de l'ensemble. Cauchemardesque, Bukkake S.T.N. trempe dans le stupre et le sexe sale, interdit, celui qui fait saigner, qui fait souffrir les chairs à vif, copulation fiévreuse entre noirceur infernale et luxure hypnotique. Malgré de (rares) éclairs salvateurs, l'opus met mal à l'aise, macération d'images sonores perturbantes.

C'est peu dire qu'il vous hante encore longtemps après que le disque ait cessé de tourner car l'écoute se poursuit, mentale et morbide. Avec le successeur de Through The Dimensions , Bathory Legion se montre plus pervers encore, plus dérangeant aussi, oeuvre d'une artiste tourmentée dont les créations possèdent une dimension cathartique évidente.

Childeric Thor - 7.0