Iron Bonehead Productions, 2020
Death Doom, Pays-Bas
Album CD
Attention, projet promis à devenir culte en vue ! Si nous ignorons la façon dont s'est concrétisé ce montage américano-hollandais et si nous avons appris à nous méfier de ces associations luxueuses qui font rêver mais ne se révèlent pas toujours à la hauteur des talent réunis, force est pourtant de reconnaître que le fruit de la copulation entre le chanteur d'Incantation John McEntee et l'ancien cogneur d'Asphyx Bob Bagchus auxquels se greffe le guitariste A.J. van Drenth, fidèle compagnon du Batave, ne décevra pas les fans des trois musiciens en présence. Iron Bonehead, qui publie "The Ancient Ritual Of Death", nous promet un beau morceau de death doom à l'ancienne, bien caverneux et pesant aux entournures. Dont acte.
Tous les curseurs sont poussés vers les abîmes, des gorges profondes réalisées par l'Américain en passant par cet accordage (forcément) spéléologique qui arrache la tapisserie des murs et appuie sur l'interrupteur pour nous plonger dans l'opacité d'une nuit sans fin. Eu égard au métier de ces vétérans et leur appétence pour du lourd qui creuse de tentaculaires boyaux dans les entrailles de la terre jusqu'aux Enfers, nul doute à avoir quant à la teneur en plomb d'un galop d'essai, livide à souhait et maîtrisé jusqu'au bout de ses ongles sales raclant le bois du cercueil. D'emblée, le funèbre 'Legions' sonne autant comme une invite macabre que comme une pure leçon de death doom ankylosé, lancinante descente dans les profondeurs d'une mine de charbon. Figé dans une gangue rocailleuse, le tempo va aussi vite qu'un escargot glissant sur une côte par grand vent.
Aucune lumière aucun espoir, seulement les abysses que des guitares aux griffes obsédantes ('The Great Tribulation'), sécrétatoire d'une noirceur inexorable ('The Unholy Roman Empire', Golgotha douloureux et bestial qui semble ne jamais vouloir s'achever). On pourra bien sûr regretter que le groupe ne révolutionne finalement en rien le genre là où nous aurions peut-être aimé le voir plus audacieux ou faire montre de plus d'originalité. Ce n'est toutefois pas son propos. De même, si le cahier des charges qui a présidé à sa conception, est respecté, "The Ancient Ritual Of Death" n'est pas tout à fait l'excavatrice mortuaire attendue car il ne sacrifie jamais vraiment une forme de désespoir plus mélodique que poisseux sur l'autel d'une noirceur méphitique, ce dont témoignent des lignes de guitares tachées d'une triste beauté ('The Days Of Vengeance').
Bref, quand bien même il ne baigne pas tant que cela dans un jus morbide, ne boudons cependant pas notre plaisir macabre face à cet album qui vibre d'une puissance souterraine, fosse insondable au fond de laquelle macère un death doom grésillant et superbe dans son expression que mine une fatalité que rien ne peut stopper dans sa chute en avant dans la mort. Et quelle jouissance funèbre de pouvoir savourer les pesantes perforations exécutées par John McEntee, saigneur inégalé en matière d'éructations caverneuses. Reste à voir maintenant quel avenir sera réservé à Beast Of Revelation, projet éphémère ou supergroupe durable...