Azermedoth records, 2007
Black Metal, Mexique
Album CD
A une époque où les sorties black metal sont légions, et où il est désormais bien difficile de dénicher la perle rare, Benatnash est le genre de groupe qui immédiatement attire l'attention en cumulant les particularités. D'une part, Benatnash nous vient du Mexique et le trio qui en forme l'entité sur cet album compte deux femmes en ses rangs: Xava Anjana à la basse et surtout Salai Ereshkigal au chant qui compose également la moitié des textes et qui est l'instigatrice de ce projet. On les retrouve d'ailleurs toutes deux dans un autre groupe plus ancien et plutôt axé doom, EYDILLION, aux cotés d'une troisième demoiselle et surtout de Baal Taran qui se charge dans Benatnash des guitares, des synthés, des compositions et de l'autre moitié des textes. Certes depuis les débuts d'OPERA IX où la présence au chant de Cadaveria faisait figure d'ovni, les groupes de black à avoir comme chanteur une femme, non plus cantonnée à des backings vocals mais au chant black, ne sont plus vraiment une rareté, pour n'en citer que quelques uns: STREBEN, DARKEN NOCTURN SLAUGHTERCULT, ASTARTE, GALLHAMMER (ces deux derniers étant des formations totalement féminines). Par ailleurs le Mexique a engendré plus d'une formation de black dont bien peu se sont révélés intéressantes. D'une façon générale, la scène mexicaine n'a engendré que HOCICO (dans le registre de l'electro-indus) qui a vraiment fait preuve d'identité et eu une reconnaissance mondiale. Benatnash cumule les particularités mais à une près puisqu'il ne puise pas dans son folklore local, les civilisations pre-hyspaniques qui se sont succédées sur les terres mexicaines que ce soient les Olmèques, les Mayas, ou les Astèques ne manquant pourtant pas de richesses, mais dans la civilisation mésopotamienne (Moyen-orient) où le nom Benatnash représente une étoile de la Grande Ourse qui en devenant rouge serait le signe de l'apocalypse à venir.
Cette cumulation de particularités justifie qu'on s'y intéresse mais elle n'est pas suffisante, et malheureusement bien des groupes authentiques sortis de nulle part au concept des plus intéressants ne sont pas toujours à la hauteur musicalement. Ce n'est pas le cas avec War Prophecies dont l'écoute se révèle convaincante, et qui témoigne d'un groupe réellement intéressant. Depuis sa création en janvier 2001, Benatnash a déjà fait ses preuves avec un premier album, Réprobo Corruption Drama ; War Prophecies continue dans la même lignée avec assez logiquement plus d'efficacité. Benatnash n'est pas un de ces groupes bancal ou caricatural, et a bien trouvé son identité avec ce chant féminin principalement black, agressif et sombre, avec quelques narrations, et chose plus surprenante quelques intonations d'opéra qui créent un effet malsain (\"Benatnash\"), le tout avec beaucoup de synthés, les percussions sont d'ailleurs réalisées par programmations (comme chacun sait l'effet n'est pas le même car donnent un côté plus mécanique) et se révèlent très efficaces. Concernant les synthés, on n'a pas à faire à quelque chose dans le genre de Summoning, même si le synthé est au premier plan et qu'il n'a pas un simple rôle d'accompagnement, ni à des nappes atmosphériques, mais plutôt à une atmosphère occulte comme sur le premier OPERA IX The call of the wood . C'est d'ailleurs à OPERA IX première époque que je comparerais Benatnash d'une façon générale, en plus black metal, plus frénétique, et aussi plus pro que The Call of the Wood (culte en son temps), plus proche musicalement de Sacro culto au final, mais le rapprochement avec The call of the wood peut se faire au niveau de la façon de chanter et des sonorités occultes au synthé. Le groupe se définit d'ailleurs comme du \"medieval black metal\", je ne trouve pas du tout que cette étiquette colle, d'ailleurs la plupart des groupes usent souvent de cette étiquette de façon non appropriée; il n'y a pas vraiment ici de vraies sonorités et mélodies médiévales, mais il y a par contre un synthé riche fortement en avant, omniprésent avec des sons qui pourraient tirer sur le clavecin et un côté orchestral, le tout mélodique et mystique. \"Into the howl of wood\" m'a d'ailleurs rappelé le morceau orchestral sur le premier album de Abigor (\"Verwunstung\"). On pourrait également penser éventuellement à la démarche de PARNASSUS, mais la comparaison s'arrête là. L'ensemble est peut-être un peu monotone sur les 58mn, et sonne parfois un peu bizarre mais il n'en demeure pas moins que War prophecies est un album intéressant, occulte et haineux.