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Black Table : Sentinel

BLACK TABLE - Sentinel

Auto production, 2012

Experimental Sludge Doom MEtal, USA

Tape

Peu importe que Black Table pose à celui qui l'écoute un problème de classification, incapable de lui accoler facilement une étiquette si commode, si confortable. Ou plutôt si, car les Américains, en rendant difficile la définition de leur musique, affirment un potentiel sans doute encore à peine défloré.

Présenté comme un combo de Post-Black Metal, gros mot s'il en est mais pouvant aussi être arrimé à la scène Sludge, le quatuor embrasse par conséquent de nombreuses influences que l'intéressé résume assez justement à une forme de Metal expérimental pour ne pas dire quasi progressif, que justifie ce syncrétisme sonore. Enfin, le fait que le chant soit tenu par un petit bout de femme, la guitariste Mers Sumida ajoute encore au caractère polymorphe d'un matériau abrasif et tendu comme le foc d'un navire.

Fondé en 2010 et précédemment auteur d'une démo séminale baptisée Heist , Black Table offre avec Sentinel un EP dont la première - et pas des moindres - qualité tient dans sa faculté à surtout nous donner envie d'en prendre encore davantage plein la gueule ! En attendant donc un futur album longue durée, il y a ces quatre titres d'une foisonnante richesse. Ultra Heavy et multipliant les Blasts mais pourtant émaillé de crevasses où se niche une beauté désespérée, \"Heist\" établit un cadre extrêmement dense, amorce puissante portée à la fois par une voix féminine rugueuse et hurlée loin des douces et fades mélopées que l'on n'attendait de toute façon pas et par des guitares minées par une inexorabilité douloureuse.

Puis survient \"Sentinel\", piste la plus progressive du lot du haut de ses plus de 8 minutes au garrot. Les lignes de basse qui mangent l'espace, c'est un long périple traversant des multiples paysages, tour à tour abrupts ou plus aériens. Les breaks se succèdent, dédale immense débouchant sur un final comme suspendu au-dessus d'un gouffre sans fin. Après un \"To Tear Down\" dont la rythmique complexe le faisant loucher vers ce qu'on appelait jadis le Techno Death n'étouffe jamais la tristesse absolue qui suinte de ses pores, \"1942\" achève ce menu affolant en beauté, pulsation noire au substrat implacable que sillonnent encore une fois ces riffs tranchants d'une force émotionnelle peu commune qui se conjuguent à des accélérations ramassées.

Bref, en 24 (trop petites) minutes, Black Table en dit plus que bien des albums complets, ce qui laisse augurer des choses encore plus monumentales pour la suite... Conclusion banale mais qui s'impose d'elle-même : ces Américains sont à suivre de très très près !

Childeric Thor - 8/10