Moribund Records, 2014
Black Metal, Slovénie
CD
Attention, Death's Old Stench n'est pas le successeur de Bestial Kruzifix666ion mais la somme de titres demeurés inédits gravés entre 2011 et 2013, période qui a vu pourtant les Slovènes enquiller les EP, démos et split divers, soit toutes ces miettes qui font l'identité du métal extrême et du black métal en particulier.
Quand bien même Bleeding Fist (quel nom poétique !) ne saurait passer pour autre chose que le modeste artisan de série B qu'il a toujours été, ces chutes de studio ne sont pas pour autant des raclures, des fonds de tiroir honteux tout juste dignes à animer des faces B. Bien au contraire car on tient même la quelques uns des meilleurs titres de cette horde qui mérite mieux que les faces de goules haineuses peinturlurées à la truelle que ses membres se contentent d'afficher. Ce faisant, ce matériel tout a fait honorable témoigne de la féroce érection créatrice que le groupe dresse depuis trois ans, amassant ainsi suffisamment de (bons) morceaux pour pouvoir remplir un album complet, et qu'il aurait eu tort de ne pas publier. Tout le monde ne peut en faire autant.
Malgré la conception forcément éparpillée de son menu, Death's Old Stench n'en souffre pas, conservant même une certaine unité loin de la simple brochette qu'on craignait qu'il soit. Le fait que ces compos aient été enfantées durant un temps relativement court peut expliquer cette cohérence. Leur égale qualité aussi et surtout. A côté de trois pistes instrumentales quant à elles plus dispensables, ce sont de redoutables pustules qui nous est donné de découvrir, éclatant en un geyser blasphématoire. Bleeding Fist y privilégie les tempos reptiliens, pulsations malsaines plus pesantes que rapides. Plus mélodiques qu'il n'y parait aussi car derrière les apparats bestiaux se planquent des musiciens au savoir-faire éprouvé finalement plus à leur aise lorsqu'ils serrent le frein à main, qualité illustrée par des titres tels que \"Holy Paint Of Death, \"Blackened Illumination\", \"Cursed Blood\" ou bien encore \"Brotherhood Of Chaos And Death\".
Le reste patauge dans un black thrash d'honnête facture aux sinistres relents, éculés mais efficaces. Atmosphère sales de décrépitude humaine, ces morceaux sont recouverts d'une croute rugueuse comme s'ils avaient été capturés au fond d'une caverne, intimité ténébreuse où crépite un fluide evil et visceux.
Death's Old Stench ne casse pas trois pattes à un bouc mais montre ses auteurs sous un jour plus flatteur que certains de ses devanciers. De la bonne série B, quoi.