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Blood Red Fog : On Death's Wings

BLOOD RED FOG - On Death's Wings

Saturnal Records, 2014

Black Metal, Finlande

CD

Blood Red Fog a toujours occupé une place à part au sein de la chapelle noire finlandaise, singularité qu'il tient moins à une carrière escarpée où les splits et autres EP l'emportent sur les albums longue durée qu'à cette identité à la fois crue et rugueuse, froide et rocailleuse, dont la mélancolie primitive l'arrime presque davantage au Black metal d'Europe de l'Est qu'à celui du Pays des mille lacs. Ceci explique pourquoi chaque nouvelle hostie est attendue comme une espèce de messie noire et sulfureux.

Autrefois assez rares, ces offrandes ont au contraire tendance à se multiplier depuis deux ou trois ans, productivité qui témoigne de la maturité désormais acquise par ce projet à géométrie variable autour du maître des lieux. Maturité mais aussi inspiration dont la puissance monumentale éclate avec On Death's Wings , troisième opus qui propulse encore plus ses auteurs vers des sommets que ses aînés avaient seulement commencé à tutoyer.

D'aucuns regretteront peut-être sa trop courte durée qui le voit à peine dépasser la demi heure. Ce format ramassé lui confère pourtant au contraire une intensité qui jamais ne faiblit. Pas de remplissage ou de titres à rallonge, ce que certains là aussi ne manqueront pas de souligner. Non juste du grand Black Metal dans la veine pure de l'album éponyme et de son successeur, Harvest . En plus reptilien encore. En plus crépusculaire aussi.

Les guitares, granuleuses et polluées, sont les excavatrices creusant dans la roche glaciale ce désespoir plus maladif que réellement suicidaire. La peau raclée par ces riffs aussi vicieux qu'obsédants, une plainte telle que \"Circle Of Resurrection\" illustre parfaitement cette signature déglinguée au goût de rouille, reconnaissable entre mille.

Pour autant, On Death's Wings n'est pas sans surprise, comme le démontre le gigantesque \"Liberation\", par ailleurs le seul spécimen à franchir le seul des dix minutes au compteur, lequel possède de lointaines réminiscences à la PRIMORDIAL dans ses phrasés entêtants. Autre surprise, la disparition bien heureuse du chant clair, B.R.F. privilégiant cette fois-ci le registre écorché, hurlé, d'un loup solitaire errant dans la nuit.

Drapé dans une prise de son brute et malsaine, l'album déroule un menu lancinant émaillé de perles noires. Citons outre celles déjà évoquées, \"Blazing Star\" qui parvient à tout résumer, à synthétiser, en l'espace de six minutes, magma grésillant dont les accords de guitares sont comme des secousses qui se répètent, s'étirent en un ressac mortifère. n'oublions pas non plus \"Black Hole Soul\" que perfore cette voix terrifiante. Avec toujours ces guitares aux allures de burin, sculptant un matériau tranchant, à vif. Un très grand disque, tout simplement.

Childeric Thor - 8/10