Adipocere Records, 2024
Stoner Doom, France
Album CD
Les (bons) groupes de stoner français ne sont pas si nombreux pour se permettre de faire l’impasse sur l’un d’entre eux. Quand on en déniche un, on l’apprécie comme il le mérite, on le savoure. Plus encore s’il est hébergé chez Adipocere, label culte qu’on ne présente plus ! Bloody Flow, puisque c’est de lui dont qu’il s’agit, débarque avec sa première rondelle sous le bras. D’ailleurs, ça sent sous les aisselles mais pas que. Whisky de contrebande et huile de vidange enrobent également ce stoner bien velu et bien bourru. Bref, comme on l’aime, sans OGM ni artifice mais avec beaucoup de sueur.
Le fait que les Bressans forment un trio dit déjà tout d’un rock plombé et graisseux qui va à l’essentiel. Guitare, basse, batterie solidement enfoncées dans un sol rocailleux chauffé par le soleil. Avec en sus, le chant du bassiste qui râcle de ce grain épais idéal pour bétonner l’ensemble. Le groupe avance volontiers le Black Sabbath originel, Down et Black Label Society parmi ses références. High On Fire aurait également droit de citer et même pourquoi pas Motörhead (‘Rock’n’Roll’ et ses lignes de quatre-cordes toutes en rondeur) ! Le cadre est donc posé, celui d’un stoner doom rugueux et massif, qui affole le compteur Geiger et a le bon goût de ne jamais s’abîmer dans les volutes d’une pipe à eau.
Ces neuf saillies envoient le petit bois. Quatre d’entre elles étaient déjà connues car remplissant la démo de 2022. Ce n’est pas grave car elles sont excellentes à souhait, à commencer par ‘Bloody Flow’ qui résume parfaitement le style du groupe avec sa grosse patte, son tempo implacable et teigneux qu’irriguent des riffs telluriques. Autre titre issu de la démo, ‘The Healer’ s’emballe étonnamment à mi-parcours en une éruption fuzzy au bord de la rupture. Parmi les nouveaux morceaux, soulignons la puissance malsaine de ‘Kill The Witch’, le très sabbathien ‘Boobs On Your Tits’ (quel titre délicieux!) dont les parties de gratte n’ont rien à envier au maître Tony Iommi ou a Gaz Jennings de Cathedral ou bien encore un ‘The Great Wizard’ énervé.
S’il ne rencontrera certainement pas le succès qu’il mérite, Bloody Flow n’en livre pas moins un effort de première bourre qui a la simplicité et l’efficacité d’un stoner sans fioritures ni autre prétention que de prêter allégeance au sacro saint riff, robuste et goudronneux.