Indépendant - Les Acteurs de l'Ombre Production, 2018
Black Metal, France
Digipack
Ok...
Il est 3H du mat’, la fenêtre ouverte de ma chambre m’apporte en ce mois de Mars la fraîcheur de la nuit. J’allume la chaîne hi-fi et m’décide de plonger dans le vice et la tourmente auditive. Je fouille dans mes CD et m'arrête sur un digipack de Blurr Thrower. La pochette est sombre, emprunte de symboles ésotériques, quelques mots sont inscrits à l'intérieur: "le flou" et "le vide". Parfait pour achever la soirée!
Blurr Thrower est une formation de black metal atmosphérique fondé en 2014. On ne connaît pas grand-chose sur eux. Celà contribue au flou cité précédemment, ou même à la mise en place d'une aura mystique comme je l'avais expliqué dans ma chronique précédente sur le split entre Bâ'A, Verfallen et Hyrgal. Ce n'est que 4ans plus tard que sort leur premier EP de manière indépendante : Les Avatars du Vide.
Cet EP a été réédité par Les Acteurs de l’Ombre Productions en janvier 2019. Il faut croire que ce label sait repérer en France les bons groupes de black metal cascadien !
On commence avec le morceau Par-Delà les Aubes. Des notes lentes et mélancoliques viennent nous plonger dans un état mental second. On flotte dans une eau sombre. Puis les premiers coups de caisse claire retentissent et viennent nous frapper, nous plongeant alors dans le tourment du compositeur. Tout monte alors crescendo puis vient alors l’océan remplaçant le ciel. On y est : le black metal cascadien inapaisé. Le chant emprunt de souffrance monte jusqu’à hurler et exploser. Tous les éléments se déchaînent et de cette tourmente se forment des murs qui nous font prisonnier de l'univers de l'auteur. Un univers ancré dans la tourmente. Quelque chose à traumatisé le compositeur et il se sert de la musique pour l'exprimer.
Les thèmes musicaux s’enchaînent et font monter la pression jusqu’à la dernière partie du morceau : le déferlement. Une cascade s’abat sur nous, pour notre plus grand plaisir auditif.. A la fin de cette cascade il n’y a plus rien, le silence s’installe, quelques notes basses nous rappellent sombrement qu’on vient de chuter de haut, de très haut, jusqu’à la fin de la compo. et l'enchaînement vers le deuxième morceau, Silence.
Ce morceau commence de manière très brutale. On est à nouveau plongé dans le tourment et les riffs présentés sont exactement ce pour quoi j’aime tant ce genre de black metal. Ces riffs viennent de l’au-delà. Je ne vois pas ce qu'il y a à rajouter de plus sur la musique de Blurr Thrower, si ce n’est qu’elle est addictive et qu'il faut aller l'écouter pour peu qu'on soit sensible comme moi à tout ça.
Les morceaux sont longs, ils dure en effet 19 minutes environ. Les riffs sont hypnotiques et pour peu qu’on se laisse happé comme je viens de le décrire on ne voit franchement pas le temps passer. Toute la tourmente et les angoisses du compositeur se retrouvent dans cette musique.
Sur le digipack, on peut voir les mots « Le vide et le flou » un peu partout. Au risque de me répéter ils caractérisent bien ce qu’on ressent à l’écoute de la musique de Blurr Thrower. Petit à petit, on y arrive vers ce vide intérieur.
Musicalement on est obligés de penser à des groupes tels que Time Lurker ou Paramnesia, et Blurr Thrower mérite largement sa place parmi ces groupes. En tout cas cette musique s’adresse de manière personnelle à l’auditeur et le pousse dans ses retranchements impliquant une remise en question chez l'auditeur plutôt intéressante.
Avec ce premier jet, Blurr Thrower plonge son auditeur dans un univers sombre. Basée sur les angoisses et les peines du compositeur, cette œuvre qui s’apparente à un genre précis se veut pourtant plus personnelle. Par conséquent elle résonne un peu comme un exutoire ou une invitation au tourment aux oreilles de l’auditeur. Tourment dans lequel on se plonge avec un plaisir pervers...