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Body Count : Live in L.A.

BODY COUNT - Live in L.A.

Escapi music, 2006

Thrash metal fusion, USA

DVD

J'ai toujours apprécié les gens qui allaient contre les idées reçues, qui ne tombaient pas dans les clichés qu'on attend d'eux. En musique, c'est le cas pour Astarte, un groupe de black metal 100% féminin, et c'est le cas aussi pour Body Count dans un registre complètement différent.
Très intéressant en effet que ce dvd qui permet probablement à Body Count de refaire surface après 9 ans de silence; groupe probablement méconnu aujourd'hui et pourtant à l'époque le groupe avait fait beaucoup parlé de lui dans la scène metal à la sortie de son premier cd \"Cop killer\" (rebaptisé ensuite \"Body count\" apparemment, mais bon le titre apparaît sur la pochette) et je me rappelle très bien de la sortie de l'album en 1992, pour plusieurs raisons : c'est le premier groupe 100% noir dans le metal, l'un des seuls sur la scène metal internationale, et surtout le groupe a été formé par ICE-T, personnage connu par certains comme rappeur (et oui!), par d'autres comme acteur (actuellement dans la série \"New York Police judiciaire\")! Body Count a d'ailleurs émergé dans une époque où la fusion était au goût du jour et où un rapprochement assez étrange et peu rassurant entre le metal et une certaine fraction du rap (Cypress Hill, etc) avait été opéré notamment dans la compil \"Judgement Night\". Il est probable que la plupart ignore les liens de Ice-T avec la scène metal. Et pourtant les liens unissant Ice-T et la scène metal vont bien au-delà de son groupe Body Count puisque Ice-T a une sérieuse culture metal comme nous l'apprend l'interview de 20 mn en bonus (avec un journaliste un peu à la Fréquenstar en version américaine)?!?. Ice-t a goûté dans sa vie aussi bien à des groupes hardcore comme Black Flag ou Agnostic Front qu'à Napalm Death ou Cannibal Corpse! Le résultat en est un thrash puissant qui emprunte aussi bien aux groupes de référence (Slayer, Megadeth) qu'au hardcore, à un metla plus urbain, avec un chant qui par-contre sent la fusion puisque c'est un chant haché, parlé ou parfois scandé, le tout avec des solos bien maîtrisés. Certains penseront à Rage Against The Machine par moment, pourtant Body Count est bien plus metal et thrash, et moins fusion.

Le concert proposé d'une durée de 1h13 n'est pas un enregistrement d'époque car en fait ce live à Los angeles a été enregistré le 26 novembre 2004 pour marquer le retour de Body Count. Le line-up toujours noir a cependant changé puisqu'il ne reste que Ice-T et le guitariste Ernie C, trois membres sont d'ailleurs morts, deux de maladies graves et un autre dans un accident. Ice-T explique que Body Count est avant un groupe politique et que le contexte américain actuel et Bush (décidément tous les groupes américains semblent surfer sur la vague de l'anti-américanisme très en vogue) l'ont incité à ressusciter le groupe. Body Count est donc de retour, un nouvel album est en prévision et deux inédits sont ici proposés : \"Murder 4 hire\" précédé d'un long speech, et \"Bring it to pain\", un morceau pas terrible, avec un côté assez groove et cool, avec sur la fin, l'arrivée d'une femme blonde, aguicheuse et sexy, qui se retrouve les seins à l'air et mimant des actes sexuels avec Ice-T?!? Le reste du concert se compose des deux uniques albums enregistrés par le groupe : \"Body Count\"(1992) et \"Born dead\" (1994). \"Cop Killer\" est l'album qui les a fait connaître, en tant que groupe thrash composé de noirs avec un côté politique très urbain et un peu rap, donc effectivement le concept n'est pas très intéressant mais heureusement Ice-T n'est en rien Dieudonné (Ice-t est un gars intelligent, adepte de metal punk et hardcore, ouvert d'esprit mais qui a ensuite un encrage dans certaines thématiques politiques), de plus le contexte américain n'est évidemment pas le contexte français et finalement Body Count ne se résume heureusement pas à cette thématique anti-flic malgré ses « Fuck police » que les groupes de punk seraient heureux d'entonner tout comme les groupes de Rac aussi aujourd'hui! D'ailleurs Ice-T se plait dans son rôle à la télévision de flic en civil. Le décors comporte d'ailleurs des gyrophares de polices, des bandes jaunes de domaines de police et l'un des guitaristes a même le look de Hannibal Lecter. Parmi les neufs titres de \"Cop Killer\", on relèvera les très thrash \"Evil dick\", \"Voodoo\" ou encore le très lassant et long \"Mama's got 2 die 2 nite\" avec son coté sketch, avant que le concert ne se termine de façon très rock n' roll en lançant la guitare et en en arrachant les cordes et que le guitariste ne se jette dans le public. Le second album, \"Born dead\", beaucoup moins thrash et dont on avait beaucoup moins entendu parler, est illustré par 6 titres pas très intéressants mise à part \"Survivin the game\".

Un dvd qui permet donc de remettre la lumière sur un groupe de metal atypique, qui aura peut-être du mal à s'adapter à la scène metal actuelle mais qui a le mérite d'avoir une identité certaine et de passer outre les clichés du metal tout en proposant un metal puissant, même s'il est vrai aujourd'hui que certains sont allés plus loin quand on voit l'émergence de groupes de true black metal aux Emirats Arabes Unis qui n'ont absolument aucun élément de fusion dans leur style; mais il faut penser que Body Count n'est pas un groupe underground où aucune limite n'existe, mais un groupe de metal généraliste de la scène internationale et sur ce plan là, le groupe est clairement atypique notemment avec un rappeur comme leadeur, et pourtant je déteste ce style, mais Ice-T a su s'en extraire et a proposé des morceaux de metal intéressant dans ce registre.

Adnauseam - 6,5/10