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Carcolh : Twilight Of The Mortals

Sleeping Church Records, 2025

Doom Metal, France

Album CD

En 2021, Carcolh présentait "The Life And Work Of Death", deuxième enclume qui s’est immédiatement imposée comme une des pierres angulaires de la chapelle doom hexagonale. Parmi les qualités affichées et déjà esquissées par le séminal "Rising Sons Of Saturn" (2018), nous découvrions en la personne de Sébastien Fanton un chanteur remarquable, une voix empreinte d’une solennité contrite taillée pour le genre.  C’est peu dire que son successeur était guetté comme un graal doloriste.

Après quatre longues années d’attente, le voilà enfin. Toujours chez le précieux et passionné Sleeping Church Records, encore une fois drapé dans un artwork superbe réalisé par J.R. Erebe mais, à l’arrivée,  une extase moins franche, reconnaissons-le à regret. Non pas que "Twilight Of The Mortals" soit une mauvaise hostie, bien au contraire cependant, privé d’une amorce aussi puissamment belle et douloureuse que ce ‘From Dark Ages They Came’ qui ouvrait "The Life And Work Of Death", ce troisième album se révèle moins immédiat, moins fort sans doute aussi. A sa décharge, son prédécesseur avait placé la barre tellement haut que faire mieux sinon au aussi bien, tenait de la gageure.

Il n’en reste pas moins une magnifique pièce de doom, épique et lyrique dans la lignée tragique d’un Solitude Aeturnus jamais remplacé, avec pour arcs-boutants ces lignes vocales qui semblent incarner à elles seules toutes la désolation du monde et ces guitares moulées directement dans les forges de Vulcain mais tissant une toile dont chaque fil est une note de désespoir. En vérité, "Twilight Of The Mortals" est un édifice qui dévoile par petites touches pointillistes les multiples trésors nichés dans la pénombre de ses travées. A commencer par ‘For Every Seconds…’, lequel sans rivaliser tout à fait en force grandiose avec 'From Dark Ages They Came’ comme cela a été souligné plus haut, laboure un sol lourd, engourdi par  la douleur et sillonné par des solos de six-cordes tout en flamboyance minérale.

‘Ashes Are Falling Man’ surprend par son tempo qui s’emballe à mi parcours, éruption du plus bel effet à laquelle s’adosse un mur mélodique tout en harmonies guitaristiques finalement plus heavy metal que purement doom. Après un ‘The Battle Is Lost’ qu’irriguent des riffs connectés aux entrailles de la terre, le menu entame ensuite son chemin de croix dont ‘My Prayers Are For Rain’ et ‘Empty Thrones’, que sépare l’instrumental éponyme aux effluves hantées, sont les marches pétrifiées vers la tristesse la plus déchirante. De ce chant clair vibrant de regrets aux guitares sabbathiennes, tous les musiciens y apparaissent à l’unisson et au diapason d’une lamentation granitique.

S’il n’égale donc pas son aîné, "Twilight Of The Mortals" honore néanmoins avec brio et émotion un doom épique d’une beauté d’airain.

Childeric Thor - 7.5/10