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Celestial Dirge : Aeon Aether

Distant Voices, 2015

Ambient Black Metal, USA

Album CD

Distant Voices est un label selon notre coeur parce qu' il rassemble tout ce que l'on attend de ce genre d'écurie aussi précieuse que modeste, à savoir passion et identité. Passion pour un art qui doit demeurer dans l'obscurité et dont chaque chapitre en son honneur est réalisé avec une forme de noblesse artisanale. Identité en ce sens que tous les artistes qu'il signe gravite tous plus ou moins dans les mêmes sphères mystérieuses entre Black dépressif, Ambient et Drone.

MiserY, Arbre, Brouillard ou Aube Grise enrichissent peu à peu de leur sinistre semence ce singulier catalogue, que complète aujourd'hui Aeon Aether, première offrande longue durée de Celestial Dirge dont le séminal Cerulean Arcanes avait attisé notre curiosité il y a seulement quelques mois, EP d'une force souterraine et hypnotique creusant un sillon oppressant auquel le duo américain reste fidèle autant dans la forme, basée sur des plaintes à l'architecture le plus souvent étirée sinon démesurée, que dans le fond, froid et mécanique.

Forger ce type de black metal aux confins de l'ambient se révèle être un exercice plus périlleux qu'il n'y parait et rares sont vraiment ceux qui réussissent à éviter les pièges qu'il tend. B. et S., les deux membres du groupe, comptent parmi ceux-ci, ne confondant jamais transe répétitive et vain remplissage, atmosphères obsédante et noirceur de carton-pâte. En quatre pistes pour cinquante minutes de musique, ils parviennent à étendre une maillage organique et enveloppant qui confine à la transe, ils déploient les arcanes tentaculaires d'un édifice dont les gigantesques dimensions ne se dévoilent que peu à peu, par petites touches pointillistes.

Ainsi, Celestial Dirge prend son temps, posant les pierres d'un labyrinthe étouffant, comme un étau qui se resserre, à l'image de CRFT 2 NR qui ne démarre réellement qu'à mi-parcours lorsque la batterie programmée surgit tel un geyser crachant un fluide saccadé. Parfois pas si éloignées que cela d'une Coldwave funèbre (EXT. 17), une sève émotionnelle, une espèce de beauté tellurique, grondent sous la surface de ces pulsations dont l'énergie stroboscopique  emporte tout en un magma assourdissant qui jaillit depuis les profondeurs abyssales de la terre.

Et pourtant, de ce mur tripant, érigé par une rythmique aux allures de machine infernale qui s'emballe pour ne plus s'arrêter, suinte une aura quasi céleste (CLSTL TXTRS) qui fait beaucoup pour la particularité, et toute la valeur, de ce projet qui ne ressemble à aucun autre, démiurge d'un art indescriptible qui se vit, se ressent plus qu'il ne s'écoute.

Avec Aeon Aether, Celestial Dirge ne déçoit pas et franchit avec la réussite espérée le cap du premier album. 

Childeric Thor - 8/10