M.U.S.I.C. Records, 2021
Black Thrash, France
Album CD
Titre du troisième méfait de Conquerors, Stormbringer évoquera peut-être pour certains d’entre vous un album fameux de Deep Purple. Mais si vous pensez les Français se sont amusés à le revisiter, vous en serez bien entendu pour vos frais car la comparaison entre ces deux disques ne saurait dépasser le seul énoncé de ce nom en commun. On n’imagine d’ailleurs pas la tête que pourrait faire un amateur des Anglais s’il se trompait de rondelle, probablement effrayé par les sonorités barbares venant alors agresser ses oreilles.
En effet, Conquerors, pour ceux d’entre vous qui ne le connaîtraient pas encore, ne fait pas vraiment dans la dentelle. Ni dans le point de croix. A moins qu’elle soit renversée. Evidemment. Le hard rock aimable, ce n’est pas trop son trop son truc, plutôt le black thrash (l’inverse marche aussi) le plus primaire, avec cartouchière mais sans compromis dedans. Le genre survit encore dans l’underground humide et pollué d’odeurs méphitiques où il est honoré par des groupes sincères et authentiques mus uniquement par une quête bestiale qui ne suppose ni artifice ni prétention.
Ivre d’une violence âpre et survoltée, le trio rémois figure parmi les artisans les plus aiguisés d’un style dont il applique les invariants édifiés par les Venom, Bathory et autre Impaled Nazarene. Moissonnant les cadavres à un rythme infernal sans jamais débander, Conquerors martèle durant à peine plus de trente-cinq minutes ce thrash grondant d’une cruauté atavique. Neuf saillies se succèdent dont on devine d’emblée l’essence aussi guerrière que torrentielle. Aucune accalmie ni respiration ne viennent jamais stopper ce flot de haine craché par une verge implacable striée de nervures abrasives.
Le chant biberonné au Destop de Morty accouplé à ces riffs trempés dans le sang et l’acier gonflent un tourbillon épuisant qui dévaste tout sur son passage et dont il semble impossible d’extraire quelques morceaux tant ceux-ci érigent un bunker indivisible. Si on ne comprend pas tout de cette décharge fielleuse ininterrompue, s’impose cependant le sentiment d’une défloration rectale aussi acérée que minutieuse. D’aucuns argueront que Stormbringer manque de nuances et de variété mais c’est justement de cette masse compacte barbare qu’il puise en partie sa force teigneuse qu’un fuselage sonore plus massif que celui de ses devanciers rend plus redoutable encore.
Guerrier venu des temps les plus obscurs, Conquerors frappe un grand coup avec cette troisième salve creusée dans ce black thrash rageur et sauvage.