Auto production, 2025
Doom Death atmosphérique, France
Album CD
Certains artistes mériteraient de bénéficier d’une reconnaissance sinon d’une exposition plus grandes que celles qu’ils connaissent. Tel est le cas de Matthieu Ducheine qui, seul dans son coin, enchante avec son projet baptisé Contemplation les privilégiés qui le suivent précieusement. Un galop d’essai éponyme remarqué dans une veine doom death atmosphérique du plus bel effet suivi par le bizarre "Brain Mechanics", fusion avec Chrono.fixion (l’autre jouet du maître des lieux) entre doom et dub (?) ont fixé un art assez singulier dont l’usage prégnant du violon n’est pas la moindre des particularités. Certes, depuis My Dying Bride notamment, cet instrument n’est pas rare dans le doom mais le Français l’utilise d’une manière toute personnelle, véritable clé de voûte de certaines compositions plus que simple ornement.
Sans aller jusqu’à dire que les expérimentations electro de "Brain Mechanics" ont laissé des traces, le fait est que "Au bord du précipice" propose une variation étonnante autour du death doom façonné par le premier album. Si les vocalises d’outre-tombe enracine encore Contemplation dans un socle ténébreux et doloriste (‘Dust To Dust’) cependant que la guitare de Matthieu sait toujours se faire aussi limpide et aérienne (‘Endless Mental Slavery’), les lignes de violon colorent cette fois-ci l’ensemble d’une ambiance plus forestière et quasi folklorique (‘Réminiscence ancestrale’ dont l’intro nous plonge presque dans une Irlande verdoyante).
Une rythmique curieuse aux confins du reggae (‘Au bord du précipice’) et un chant parfois étrange (‘le recours aux montagnes’) viennent par ailleurs se greffer ici et là, perturbant une écoute qui de facto échappe à toute définition facile et simpliste. Au vrai, témoignant d’une écriture aguerrie et d’une exécution racée, chaque titre suit un chemin sinueux, toujours surprenant (‘Overdose de pilules rouges’), où des éléments insolites se fondent dans un creuset doom death qu’ils enrichissent sans le vider de sa substance mélancolique.
Drapé dans un superbe artwork et encadré par deux instrumentaux d’une squelettique poésie, "Au bord du précipice" confirme à la fois la place singulière qu’occupe Contemplation au sein des musiques sombres, puisque son art ne l’est finalement pas tant que cela, mais aussi – et surtout – une inspiration précieuse propice à une forme d’échappée contemplative dont nous ne saurions trop vous conseiller la découverte.