La Horde Noire Webzine metal extrême depuis 2002

Corrosive Elements : Toxic Waste Blues

GreyveStorm Productions, 2015

Death Metal, France

Album CD

Après sept ans d'abstinence discographique, Corrosive Elements accouche d'un premier méfait que nous étions nombreux à ne plus vraiment attendre. De fait, les Français ont soigné leur retour : nouveau line-up qui voit notamment le chant féminin être remplacé par un organe masculin, celui de Brice Moreau, visuel particulièrement réussi, oeuvre de Anne-Claire Planard et mastering confié au maître Dan Swanö, indice qui ne trompe pas, tant sur la qualité technique en présence que sur une écriture ad hoc.

Le titre de cet album se révèle également tout aussi révélateur d'un contenu à la fois féroce et accrocheur, acéré et mélodique. Bref, c'est du pur death metal des familles, du brutal mais avec toujours une bonne dose de groove qui donne furieusement envie de taper du pied (Oppression). Sur un substrat très lourd, le groupe tresse avec ses grosses pattes velues un maillage extrêmement dense, tendu comme le foc d'un navire, rarement véloce, sauf en début de parcours (Brun The Preachers, Destructive Cult), carrément Rock'n' roll parfois (Toxic Waste Blues) et le plus souvent prisonnier d'une gangue de mazout.

Alors que les musiciens impressionnent tout du long (Warpath), la virtuosité dont ils font preuve avec une généreuse largesse n'étouffe ni la violence rampante ni l'imparable puissance de compositions millimétrées, travaillées à la manière de pièces d'orfèvrerie. Si tous les instruments trouvent l'espace pour s'exprimer, de cette batterie impétueuse à cette basse toute en rondeur gourmande, sans oublier ces guitares aussi épaisses qu'agressives bien que suintant une semence mélodique, ils fusionnent en un ensemble d'une homogénéité carrée. Mention spécial au chant bien testiculeux qui confère à celui-ci un côté presque death doom et remplace avec une efficacité roublarde les vocalises de sa devancière Emilie pourtant déjà très rocailleuses.

Que dire d'autres à propos de Toxic Waste Blues,  évocateur de monstruosités lovecratiennes si ce n'est que l'on tient là un essai ravageur, bourré jusqu'à la gueule d'un potentiel plus grand encore qui ne demande qu'à jaillir. Fort de ce nouveau départ qui ne saurait susciter la moindre réserve, Corrosive Elements devrait rapidement faire parler de lui, il le mérite en tout cas !

Childeric Thor - 7.5/10