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Dawnrider : Five Signs Of Malice

Metal On Metal Records, 2024

Doom Metal, Portugal

Album CD

Quand on cherche à lister les terres riches en doom, le Portugal n’est pas tellement le pays auquel on pense en priorité. Pourtant, le genre a essaimé là-bas également, comme en témoigne Dawnrider. 20 ans au compteur, 5 rondelles sous le bras, on peut dire que ce groupe n’est pas né de la dernière plus (acide). Il a même vu passer dans ses rangs à peu près tout ce qui rampe dans les profondeurs de la chapelle lusitanienne et notamment le guitariste Ricardo Matias (ex Mourning Lenore), le mercenaire des fûts André Silva (Irae, Corpus Christi) ou Vilkacis, bien loin du black dépressif de son Ars Diavoli dont on aimerait d’ailleurs tant avoir des nouvelles (mais ceci est un autre sujet).

De la formation historique ne reste plus que le guitariste Hugo Conim, lui-même actif dans une palanquée de formations dont le très bon Dragon’s Kiss. Autour de lui, le line-up s’est stabilisé depuis 2017 et l’arrivée du chanteur / bassiste Filipe Relêgo, accouchant il y a deux ans d’un The Fourth Dawn de sympathique mémoire. Lui succède à l'automne 2024 Five Signs Of Malice qui, autant l’énoncer de suite, fait plus que valider les atouts de ses prédécesseurs. Le doom forgé par les Portugais est simple (mais pas simpliste), à l’ancienne (mais pas poussiéreux), basé sur des compostions dont la durée généreuse (dans les 8 minutes en moyenne), loin de les rendre monolithique ou ennuyeuse, leur offre au contraire le cadre idéal pour se développer, tricoter un maillage chaleureux.

Les claviers antédiluviens à la texture brumeuse échappée des années 70 tiennent une place dominante dans cette chapelle qu’ils tapissent d’un sol duveteux et lui donne une couleur  finalement très hard rock. Un peu comme si Black Sabbath copulait avec Deep Purple sous le regard humide de Uriah Heep. L’opus est placé sous le signe du chiffre cinq :  cinquième album du groupe donc et cinq pistes (plus une outro instrumentale) au programme. A l’exception d’un ‘King Crow’ dont la carcasse trapue n’en grève pas la rondeur pesante, les autres titres prennent leur temps et laissent à chaque musicien l’espace pour s’exprimer. L’orgue règne en maître tout du long de ‘Twelve Severed Heads’, amorce grandiose dans son ampleur quasi liturgique mais la guitare nourrie au grand hard rock n’est pas en reste sur un ‘Old Beast’ lourd et remuant tandis que ‘Lawless Road’, qu’emportent de puissants rouleaux de batterie et ‘Pershing Hour’ et ses lignes de basse caillouteuses  reposent sur un socle rythmique implacable, sans jamais toutefois bâillonner ces claviers volubiles.

Avec Five Signs Of Malice, Dawnrider se fend d’une juteuse galette de doom metal au délicieux fumet seventies. 

Childeric Thor - 7.5/10