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Desolate Winds : InTimes Of Cold

DESOLATE WINDS - InTimes Of Cold

Lone Vigil Recordings, 2012

Depressive Black Metal, Royaume-Uni

EP

Heureusement, le Black Metal de la Perfide Albion ne se limite pas à CRADLE OF FILTH. Dans l'ombre, dans la tourbe, dans les montagnes battues par les vents et la pluie, émerge peu à peu une vraie scène noire qui puise son combustible non pas dans un satanisme tout juste bon à faire fuir quelques bigottes mais dans son histoire, dans les reliefs de cette terre insulaire, dans une culture où la frontière entre nationalisme et paganisme est parfois ténue. FEN, FOREFATHER, WODENSTHRONE ou WINTERFYLLETH, pour n'en citer que quelqu'uns, sont les bâtisseurs d'un art souvent âpre et granitique et où le vocable atmosphérique ne rime surtout pas avec claviers envahissants.

Signé justement chez la jeune structure, Lone Vigil Recordings, dont le boss n'est autre que Chris Naughton de WINTERFYLLETH (ainsi que d'ATAVIST et CLOACA), Desolate Winds s'inscrit de fait dans ce sillage. EP d'une vingtaine de minutes peut-être, cette (trop) courte durée suffit pourtant à In Times Of Cold à ouvrir des paysages épiques et froids, symbole de l'isolement de ses deux auteurs. Dans une veine proche du regretté AUSTERE, notamment pour ce chant hurlant des paroles tel un loup dans la nuit, le groupe sculpte deux mégalithes d'une ebauté frissonnante dont les racines s'enfoncent dans le sol de la Cumbrie, cette terre du Nord Ouest de l'Angleterre.

Du haut de ses presque 17 minutes, le titre éponyme vaut à lui seul le détour, nous faisant espérer pour la suite de la carrière des Anglais, un album d'une démesure dans l'expression d'une solitude glaciale. Répétitif à l'extrême, \"In Times Of Cold\" traverse avec lancinance une montagne aride au calot neigeux, strillée par des riffs au pouvoir d'évocation immense et que percent des hurlements possédés, maladifs. En dépit de sa longueur et de l'exploitation d'un même motif durant plus d'un quart d'heure, on est envoûté dès les premières mesures. Il suffit de fermer les yeux, d'éteindre la lumière pour être transporté à travers des territoires désolés, figés par un froid éternel. Plus court, \"Endless, Freezing Solitude\" épouse les mêmes aplats hypnotiques minés par un désespoir infini.

Et tant pis si Desolate Winds ressasse les clichés habituels charriant froid et dépression, hiver et tristesse car on imagine mal le Black Metal atmosphérique et dépressif exalter d'autres sentiments, peindre d'autres figures. S'il s'accompagne (forcément) d'un goût de trop peu, In Times Of Cold grave déjà dans la roche le nom de ses auteurs parmi les plus intéressants de cette chapelle britannique qui ne cesse de grandir et de s'affirmer comme une scène à part entière.

childéric Thor - 8/10