La Horde Noire Webzine metal extrême depuis 2002

Désolation : Testamentum

Unlight Order Productions, 2020

Black Metal, France

EP 7''

Qu'elle ne fut pas notre surprise de découvrir dans notre boîte aux lettres ce 45 tours de Désolation, groupe dont nous pensions ne plus jamais croiser le chemin. Celui qui fut l'artisan d'une poignée de démos et autres splits entre 2008 et 2011 serait-il donc revenu d'entre les morts neuf ans après s'être allié à Litanie le temps d'un "Cadavres" d'excellente mémoire ? Que nenni. Et le titre même de ce 7'' aurait dû immédiatement taire l'espoir d'une résurrection de ce prêtre de la chapelle noire hexagonale. De fait, "Testamentum" ne pouvait être autre chose que ce qu'il annonce clairement, ultime fruit né de la collaboration entre Désolation (chant, guitare, basse) et Svartheim (batterie) sous cette étiquette bel et bien défunte.

Unlight Order Productions a exhumé deux titres gravés en 2011 dont seul le premier est inédit, le second figurant déjà sur le split mentionné plus haut. 'Dit des trois morts et des trois vifs' couvre la face A de ce vinyle édité à 300 exemplaires et sculpte un art noir sinistre comme un gisant drapé dans la brume. Après une entame figée dans la terre froide, le rythme s'emballe, irrigué par une guitare grésillante et des râles écorchés. La nuit s'étire, lugubre et engourdie, peuplée d'âmes désolées qui errent à tout jamais. Vénéneuse, sa mélodie s'insinue dans les veines tel un poison obsédant. Plus déchaîné se présente 'Ode à l'annihilation' qui ouvrait "Cadavres" et qui remplit la face B, méfait taillé dans un black metal haineux d'une froideur tourbillonnante. Désolation y martèle son dégoût misanthropique. Chant hurlé et rythmique torrentielle nous poussent dans les profondeurs d'une fosse sans espoir de retour. Avec toujours en sus, cette authenticité primaire dans l'expression nocturne et morbide d'un art noir épuré comme façonné au burin.

"Testamentum" scelle à tout jamais le caveau de ce solide saigneur de la scène black metal française, laissant dans son sillage une traînée amère car réel est le sentiment que Désolation n'avait pas encore tout dit et méritait sans doute mieux que cette carrière confidentielle et oubliée... 

Childeric Thor - 7.5/10