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Dødsengel : Ecstatic Horror / Alongside Choronzon

DØDSENGEL - Ecstatic Horror / Alongside Choronzon

Genuflextion, 2014

Black Metal, Norvège

CD

Les plus âgés qui ont vécu l'éclosion de la scène BM dans les 90's vous le diront: les groupes d'alors proposaient quelque chose d'authentique, de noir et sulfureux, loin de l'autocaricature ou de la redite académique des groupes contemporains, suiveurs plagieurs ou groupes has been qui auraient dû s'arrêter à leur période de gloire.
Or, presque un quart de siècle plus tard, quel groupe peut franchement prétendre reprendre le flambeau? DØdsengel est le premier nom à me venir à l'esprit, le duo maléfique ayant su en quelques albums et une poignée de Ep tisser un manteau de noirceur imprégné de démence.
L'objet de cette chronique est une compilation de deux Ep datant de 2010, sortie afin de faire patienter les fans toujours étourdis par le monumental \"Imperium\" et réparer l'injustice de la difficile accessibilité à leurs oeuvres les plus confidentielles. Et là le miracle se produit: on retrouve cette ambiance poisseuse, ce Black Metal maîtrisé mais spontané, cet occultisme authentique. Je comptais justement qualifier leur musique d'occulte, terme aujourd'hui bien galvaudé, c'est pourquoi je lui préfèrerai finalement celui d'incantatoire, à l'image de ce chant possédé dans le registre Black, et scandé liturgiquement tel des prières au Malin dans les passages les moins saturés. Cette collection de raretés débute par « Axis mundi », un phare de noirceur où les spectres des Mayhem et Burzum adolescents investiraient les passages les plus ritualistiques de MZ.412. « Unchained and reborn » dévoile un visage plus dissonant et haineux du groupe, plus primitif aussi. « Contra Mundi » est pour moi LE morceau à retenir dans ce disque, avec son intro aux grandes orgues et ce chant halluciné qui rappelle le Aldrahn des grands jours. « VI templa diaboli » est plus bruitiste et expérimental, avec son riff grinçant et ses hurlements de déments, moins conventionnel et malheureusement rapidement lassant . Sur « of Kali, of Seth, of Satan » on revient à un morceau enragé de pur Black Metal saupoudré de champignons magiques toujours grâce à ce chant proche de la rupture. « The city of Pyramide » conclue le disque et achève l'auditeur avec ses passages presque Heavy alternant avec des parties Black brutal et des moments de fausse sérénité.
Je dois concéder une nette préférence pour la première partie du disque, plus glauque et religieuse, ce qui n'empêche pas cet opus d'être parmi mes coups de coeur de cette fin d'année.

Aloerw - 8/10