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Dying Giants : Tales Of Giants

Auto-production, 2017

Instrumental Sludge Doom, France

EP CD

Que Dying Giants ait choisi son nom en référence à Conan, non pas le personnage de Howard ou le film de John Milius mais le groupe anglais, pourrait être un détail anecdotique mais révèle pourtant deux choses. D'une part que ces Toulousains sont des hommes de goût. D'autre part que le doom qui coule dans leurs veines est massif, granitique, charriant une semence épaisse et abrasive. Bref, Dying Giants, c'est du lourd, du minéral, du méchant qui pulvérise tout sur son passage façon Karcher. 

Tout est dans la taille, les mecs le savent bien, fascinés qu'ils sont par ce qui est gigantesque. Il y a chez eux, comme chez leur mentor de la Perfide Albion, une démesure robuste, une manière de dresser puissamment des riffs rocailleux en une pesante érection alors même que les compositions qu'ils sculptent au burin dans une roche dure, sont trapues, gonflées d'une tension venue des profondeurs de la terre. Pas de long palabres à attendre ici mais une énergie souterraine que ce power trio guitare/basse/batterie (auquel se greffe, dans l'ombre, un graphiste au rôle déterminant), cherche à dompter.

Le caractère instrumental de la bête, qui participe de cette force quasi sismique, achève de rendre la musique gravée par ce groupe, hautement jubilatoire. Ce que démontre Tales Of Giants dont les quatre pistes suffisent à affoler le compteur Geiger et à exciter les sens. Quatre titres aux allures de blocs tendus dans la nuit, érodés par les vents et des musiciens à l'unisson d'une force sourde prête à exploser en une éruption cendreuse. Vierge de chant peut-être, ce stoner doom n'en palpite pas moins d'une sève tonitruante, secoué par des coups de boutoir cataclysmiques (Etna Volcano).

Tout en progression (23rd Nebula), ces morceaux ne cachent toutefois pas une spontanéité qui leur donne quelque chose d'une rampe de lancement pour de fiévreuses et diaboliques jams, à l'image du tellurique Atlas Month. On devine un art qui doit prendre toute son ampleur en live, sous les voûtes d'une petite scène enfumée. Si chaque instrument jouit de l'espace nécessaire pour s'exprimer en une logorrhée mazoutée, guitare pachydermique, basse volcanique et batterie solidement rivée au sol, copulent avec une énergie furieuse pour accoucher d'une masse compacte ultra heavy que de fugaces fissures viennent aérer.

En à peine plus de vingt minutes, Dying Giants donne déjà envie d'en entendre davantage. Dans le genre doom sludge, il est une découverte indispensable !

Childeric Thor - 8/10