Code 666, 2012
Black Metal atmosphérique, Islande
CD
Ni le talent ni l'inspiration ne se mesurent - heureusement - au nombre des années. Preuve en est avec Dynfari, entité de deux ans d'âge seulement et fruit d'un jeune duo dont on se demande comment peut-il déjà faire montre d'une telle aisance, d'une telle maîtrise que bien des musiciens chevronnés peuvent lui envier. La musique qu'il forge démontre à nouveau l'importance du déterminisme géographique dans le Black Metal en cela que la terre qui l'a vu naître, soit l'Islande, commande une exploration, du genre aussi glaciale qu'atmosphérique où la notion d'espace (instrumental) revêt toute son importance.
Le chant n'est pas pour autant absent de Dynfari, tour à tour majestueux ou rugueux et écorché à la manière de DRUDKH, formation à laquelle on est parfois bien obligé de penser à l'écoute de Sem Skugginn , qui déploie ses mélancoliques ramifications par l'entremise de complaintes étirées où la noiceur dispute à la beauté la plus tragique le primat d'ambiances froides comme la montagne calottée par une neige éternelle mais ce sont bien les longues échappées égrenées par des guitares aussi décharnées que stratosphériques, aussi polluées que chargées d'images d'une beauté spectrale qui frappent les sens.
Et c'est peu dire que le tandem ne choisit pas la facilité, n'hésitant ainsi pas à user de durées qui, entre les mains de médiocres, pourraient paraître excessives, à l'image de \"Hjartmyrkvi\", lequel du haut de 15 minutes au jus, ne se contente pas d'être le titre le plus long du menu mais aussi, et surtout, le plus réussi ou bien à percer le relief noir, tranchant et aride de pans plus atmosphériques (\"Myrkrasalir\").
Corollaire de cette démesure, il serait mensonger de ne pas reconnaître à Sem Skugginn certaines longueurs, 75 minutes de musique, fusse-t-elle exemplaire, n'étant jamais des plus aisées à ingurgiter, ainsi qu'un ventre mou, coincé entre un début admirable (\"Glötun\", Svartir Himnar\") et une conclusion qui l'est (presque) tout autant, incarnée par le dyptique éponyme, pendant lequel éclate la capacité des Islandais à ouvrir d'immenses paysages, d'un lustre presque irréel.
En l'espace d'un seul album, toutefois préparé par une oeuvre séminale et éponyme, Dynfari impose déjà son Black Metal atmosphérique, sorte de réponse nordique à l'école païenne et épique britannique. Il va sans dire qu'on suivra avec beaucoup d'intérêt le successeur de Sem Skugginn ...