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Ectoplasma : Inferna Kabbalah

Memento Mori, 2022

Death Metal, Grèce

Album CD

Quand un groupe choisit de se baptiser Ectoplasma et qu'il remplit les pochettes de ses albums de morts-vivants et autres zombies, on imagine que ce n'est pas pour forger une musique élégante ou particulièrement audacieuse. Et encore moins guillerette sinon positive. Dont acte. Les Grecs régurgitent donc ce qu'on attend à les voir vomir : un bon vieux death metal des familles, assurément rétrograde et avec des lambeaux de doom qui nagent à la surface. Ceux qui aiment labourer le catalogue du label espagnol Memento Mori les connaissent déjà bien et n'ont sans doute pas manquer de se briser les cervicales au son putride craché avec une énergie grumeleuse par Spitting Coffins (2016), Cavern Of Foul Unbeings (2018) et White-Eyed Trance (2019).

S'il n'invente rien - ce n'est pas le but de toute façon -, Ectoplasma a néanmoins su, à sa modeste mesure, bâtir une signature tant sonore que visuelle, forcément macabre à souhait et fleurant bon l'occultisme de série Z. Comme beaucoup d'autres certes mais cela ne le rend pas moins sympathique et identifiable. De la formation historique ne reste plus que le chanteur et bassiste Giannis Grim, un de ses activistes de l'underground qui a le metal de la mort chevillé au corps auquel il dévoue la majorité de ses projets (Vultur, Impure Desecration) et son propre label, Spawn Of Flesh Records. Il n'est désormais flanqué que du seul Dimitris Sakkas, qui l'a rejoint l'an passé pour, outre la batterie, astiquer le manche de la guitare à la place de George Wolf qui était là depuis les débuts. Mais son absence ne change rien, ni à la teneur purulente de ce death metal d'outre-tombe ni à la qualité de ces nouveaux morceaux.

Pourtant il faut reconnaître que Inferna Kabbalah ne démarre pas sous les meilleurs augures. Aucune des premières saillies, qu'il s'agisse de 'God Is Dead, Satan Lives' ou de 'My Medieval Urges Materialized', ne brille vraiment pas son inspiration, caveau morbide dont on l'impression d'avoir poussé la porte de (trop) nombreuses fois pour qu'il en exhale de mémorables remugles. Mais, à partir de 'Infestation Of Atrocious Hunger', que perfore un solo étonnement mélodique, ce cinquième méfait se met alors à dresser une érection bien plus franche. Sinistre, le titre éponyme est directement alimenté au thrash des années 80, 'Gruesome Sacred Orgasms' patauge dans un death doom baveux, 'Filth-Ridden Flesh' donne envie de remuer frénétiquement la tête en vomissant un torrent de bile tandis que le terminal 'Desecration Of The Christian Existence' se voit aussi miter par d'infâmes breaks souterrains biberonnés au thrash le plus old-school.

Moins glaireux et plus véloce que ses prédécesseurs, Inferna Kabbalah n'est pas indispensable mais il barbote dans les viscères d'un death metal vicieusement fossilisé, comme on l'aime, sans prétention et avec beaucoup de pus dans ses obscures cavités. 

Childeric Thor - 7.5/10