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Empire Of Hundred Suns : La Ténèbre et l'Ego

EMPIRE OF HUNDRED SUNS - La Ténèbre et l'Ego

Klister productions, 2009

Raw black metal, France

Limité à 93 exemplaires, en format cassette, La Ténèbre et l'Ego , délivré des pattes impies de Necrosopher, Humiferus et Thorsonn en 2009, se boit comme du petit lait. Six titres et quarante-cinq minutes de cadence soutenue, imprégnée de Romantisme sur fond d'occultisme.

La comparaison est toujours arbitraire. Toutefois, mon devoir étant d'être parfaitement subjective, j'assimilerais volontiers cette première et unique démo (ou album qui ne dit pas son nom) d'Empire Of Hundred Suns à un croisement entre la monstruosité cérémoniale de Funeral Mist et les pulsions tachycardes des Prusses d'Absurd. D'ailleurs, détail accessoire – pléonasme - le graphisme du logo du groupe n'est pas sans rappeler quelques références germanifiantes. Le faste de l'éclair vous en dira plus que moi.

La Ténèbre et l'Ego démarre avec le fracas d'une usine à gaz, sans ce type d'introduction-prétexte qui peut vous cataloguer un album en un claquement de doigts. Un bon point, d'emblée. La voix, toujours voilée et jamais chantante, ne porte pas la mélodie mais la brise au contraire en mille lames, rappelant le fond d'humanité menaçante qui a inspiré le créateur du son-meurtrier. Les textes (rédigés entre 1993 et 2007) sont en Français et puisent leurs ressources dans le verbe assassin, mis en sourdine par un chant geignard en forme d'incantations. La Ténèbre et l'Ego rassemble une diversité d'instruments et de samples, bien ficelés, toujours pollués par une bonne nappe de brouillard. La batterie marque le pas et ne laisse pas de place à l'ennui.

L'écoute est dans l'ensemble apaisante. Y compris quand un enregistrement, tiré d'une cassette audio, nous livre à la fin de Notre Cathédrale le récit de vieilles bigotes fascinées par l'apparition supposée d'une rose dans un coffre de voiture. Mystique. Ou affligeant.

Tableau d'honneur pour Hommage à Drieu . La composition, au titre éloquent, constitue l'éloge d'un auteur boudé par les manuels scolaires français travaillés au corps depuis l'avènement de la IIIe République. Pierre Drieu la Rochelle, à la fois proche des surréalistes et de l'Action française sans toutefois souffler le chaud et le froid, une plume à contre-courant du protocole (et un homme avide de bonne chère).

Empire Of Hundred Suns ne compose pas de black pour le sport. Le traumatisme noir est là, le néant et le questionnement... Mais pas d'esprit ludique.

Myrha - 7/10