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Enigmatik : Slitherin

ENIGMATIK - Slitherin

Thundering Records, 2007

Death Metal, Suisse

CD

Slitherin du groupe suisse Enigmatik, a vu le jour à l'été 2007 au Grinder Studio, chapeauté par un duo de producteurs évoluant dans un univers profondément éclectique. Dominique Gendre et Guido Wyss, respectivement guitariste et batteur d'Enigmatik, ont chacun un parcours musical très varié. Si le premier est coutumier du soutien de groupes de allant du heavy au hardcore, le second a été très marqué par des années de conservatoire lui ayant inculqué un certain goût pour le jazz, la funk ou même l'électro.
Dès la première écoute, Slitherin soulève une importante question : sur quel terrain joue Enigmatik ? A ce titre, le nom du groupe est une entité évocatrice...
Côté artwork, c'est la surprise. Nous sommes à cheval entre le faire-part « western », et un visuel jouant sur la symbolique solaire.
Un chant brutal et caverneux, des blasts à ranimer les morts de la bataille de Waterloo... Il y a largement de quoi se satisfaire. Au départ seulement. Car, passés les trois premiers titres, c'est le labyrinthe. A l'écoute, la sensation est celle que l'on connaît lorsque deux mélodies se parasitent mutuellement. Un peu comme quand la chaîne hi-fi est allumée, et que le voisin écoute du Barbara Streisand à fond.
Certaines séquences assez 50's rappellent un peu l'ambiance ésotérique des films déjantés d'Alejandro Jodorowsky (c'est un bon point!).
Des samples décalés, assourdissants, des vibrations d'ondes radios viennent dessiner une colonie de points d'interrogation... Des sons quelquefois durs à l'écoute, et qui font facilement office de répulsifs.
Enigmatik évoque à certains égards Cynic, le groupe de death ambiant et expérimental formé d'ex-membres de Death. Cynic n'a édité qu'un seul album en 1993, par ailleurs très mal accueilli à sa sortie...mais qui, à la faveur du temps, s'est bonifié.
Dans le cas d'Enigmatik, il manque beaucoup trop de choses. Le groupe s'est créé un univers, c'est sûr. Seulement, L'auditeur se demande où on l'emmène. A de nombreux moments, on a envie de dire que tellement ça ressemble à tout, ça ne ressemble à rien. La longueur de l'album _74 min et des poussières_ n'arrange rien au chaos des compositions. Mais une surprise vous attend en fin de piste 12 (grrr, elle a révélé le secret!), qui ravira les accros de La vie est un long fleuve tranquille. « Jésus, reviennns ...».
Malgré tout, le décalage d'Enigmatik fait de la formation un élément singulier de la scène métal, qui se forgera peut-être, à force de patience, une identité, une « patte » musicale.
Pourtant, le groupe ne pourra contenter une éventuelle quête de reconnaissance qu'au prix d'un effort de cohérence. On peut être novateur, tout en gardant une rigueur de construction. De l'ordre, que diable, de l'ordre !

Myrha - 4/10