La Horde Noire Webzine metal extrême depuis 2002

Eths : III

ETHS - III

Season Of Mist, 2012

Deathcore, France

CD

S'il a certainement bénéficié de l'engouement actuel pour tout ce qui mêle Rock et paire de seins, Eths ne doit pas sa renommée à ce seul paramètre. Arrivé là bien avant que le metal dit \"à chanteuse\" n'explose vraiment, le groupe a très tôt, dès la fin des années 90, esquissé un univers extrêmement personnel, à la fois introspectif et brutal, clinique et énergique. A force de travail, d'albums de plus en plus remarqués ( Autopsie en 2000, Samantha deux ans plus tard, puis de la longue durée avec Sôma et Tératologie ) et, il serait hypocrite de ne pas le reconnaître, grâce au charme vénéneux de sa front-woman, Candice, Janus au féminin, Eths s'est retouvé en l'espace de quelques années aux portes d'un succès clairement destiné à franchir, à dépasser les seules frontières de l'hexagone.

De fait, le collectif a pris son temps pour mettre toutes le chance de son côté, ne pas rater cette étape essentielle. Nouveau label (Season Of Mist), prise de son confiée au maître Fredrik Nordström, producteur des grandes heures d'ARCH ENEMY (ce n'est pas un hasard), une édition anglaise pour draguer l'internationnal et une longue gestation ( Tératologie remonte déjà à plus de quatre ans !) sont autant de détails au service d'une maturité enfin atteinte.

Car au-delà de leur étiquette \"néo metal/hardcore pour jeunes\", les Marseillais confirment avec III une exigence que les fidèles avait depuis le début deviné. Ne sacrifiant rien sur l'autel d'une exposition plus forte, même si on notera par moment une accroche plus commerciale (\"Harmaguedon\", titre au demeurant très bon), Eths poursuit son chemin, propulsé par une Candice tour à tour câline ou enragée voire franchement bestiale, alternant avec une aisance insolente ces divers registres qui ont fait la marque de fabrique du groupe. Rythmiques érigeant une forteresse inviolable et riffs massifs bâtissent l'écrin de textes douloureux, odes à la souffrance, au martyr, qui ne sont la moindre qualité de la chanteuse.

Débutant par l'épidermique \"Voragine\" et culminant lors d'un final d'une inconfortable noirceur avec \"Anathemein\", entre scories Ambient charbonneuses et orchestrations crépusculaires et alignant entre les deux des compos cisélées avec précision, qu'habille un corset de fer (\"Adonaï\", \"Proserpinia\"...), III est une oeuvre dont la diversité des ambiances ne cache pas la précise ligne de force qui la traverse de part en part, bloc de matière brute mais élaborée avec subtilité, ne se limitant pas à une banale enfilade de morceaux éparses. Ce faisant, il témoigne de l'intelligence de ses géniteurs, artistes complets dont on voit mal désormais ce qui pourrait les empêcher d'exploser à une échelle encore plus grande...

Childeric Thor - 7/10