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Fatima : Turkish Delights

Musikô_Eye, 2020

Stoner grungy, France

Album CD

Fatima, c'est déjà des pochettes venues d'ailleurs, artisanales et nappées de mystères, qui tranchent avec le tout-venant. Fatima, c'est aussi une bande de doomeux parisiens qui apprécient les pâtisseries orientales bien grasses et le grunge (nous y reviendrons).  Fatima, c'est aujourd'hui le bien nommé "Turkish Delights", qui succède au remarqué "Moaner" (2018), lui-même préparé par une démo séminale et le deux-titres "Livyatan//Black Robes".

Premier constat, le son baigne dans une huile épaisse, visqueuse, enrobant généreusement des morceaux aux allures de gros loukoums qui vous restent sur l'estomac. Malicieusement, les Franciliens appuient encore davantage sur la touche orientale, à l'image d'un 'Gooey Syrup 'envoûtant à souhait, qui sent la pipe à eau et les épices, avec ses notes comme échappées d'un sitar halluciné. Il suffit de fermer les yeux pour être transporté quelque part sur les chemins de Katmandou, happés par une voix venue du désert. Prisonnier du même ban de sable, tous les titres composent une sarabande ensorcelante au milieu des dunes. Le stoner doom se cuisine à merveille avec cette sauce arabisante et le résultat, évocateur de paradis artificiels, touche au but, donnant autant envie de taper du pied que de se laisser choir dans un pouf.

Plus clivant sera en revanche peut-être le chant à la "Kurt Cobain" qui en avait déjà décontenancé pas mal à l'époque de "Moaner". S'il peut surprendre voire même agacer ('Charly Chang'), le fait est que ce timbre grungy et traînant se fond bien dans ce socle gras, lequel donne parfois plus que l'impression d'écouter du Nirvana en mode bûcheron, témoin ce 'Toy Poodle' qui, après une première partie bouillonnant d'une vitalité crasseuse, serre le frein à main pour s'enfoncer dans la vase. Cette  influence ne s'arrête pas aux lignes vocales et transpire d'un enrobage sonore très brut garanti sans OGM dedans et dans une accroche très rock que la grosse croûte doom n'étouffe jamais vraiment ('Cocubines Of Salem'). Reste que, plus il progresse et plus "Turkish Delights" s'enlise dans le pâté, dans lequel il découpe d'ailleurs ses tranches les plus fascinantes entre 'Rub The Lamp' ou 'Peter Pan Tights'.

Chantre auto proclamé du doom grunge, Fatima continue sur sa lancée, goguenard et décontracté mais plus gras que jamais et au goût de Makrout plus prononcé encore. On en redemande !

Childeric Thor - 7.5/10