Auto production, 2025
Doom Death, France
EP Digital
Maigre hostie d’à peine plus de dix minutes peut-être, "Feu mortifère" n’en présente pas moins un intérêt certain. Déjà, son auteur éponyme est français, ce qui fournit une raison suffisante pour s’y arrêter. Que celui-ci soit étiqueté doom (death) lui confère de facto une valeur supplémentaire. Qui plus est, le visuel, aussi curieux qu’original qui l’habille, intrigue et donne furieusement envie de déflorer ce (petit) galop d’essai, ne serait-ce que pour vérifier si le contenu est à l’image de son étrange écrin.
Les informations au sujet de Feu mortifère se révèlent quasi inexistantes. Une photo, floue par ailleurs, et puis c’est tout. Pas de noms ni crédits, ce qui oblige à se concentrer sur l’essentiel, la musique. Deux titres, c’est peu évidemment mais au cas particulier, suffisant pour mesurer le potentiel d’un groupe qui ne manque pas d’idées. Craché des profondeurs d’une mine de charbon, le chant aux remugles doom death encrasse les parois d’une épaisse couche de ténèbres. De tous les instruments, le clavier est celui-ci qui remplit le plus l’espace disponible, tapis brumeux et notes de piano grêles et hantées qui épandent un suaire de tristesse. Plus discrètes, les guitares s’emploient à souligner ce spleen à la fois charbonneux et diaphane.
Le rythme est lent, engourdi, presque immobile par moments bien qu’affleure, quoique timidement, une envie de s’échapper de cette nasse contrite comme en témoigne ‘The Offering’. Quant à ‘Six’, il maraude parfois à la lisière d’un dark jazz crépusculaire qui lui insuffle une identité, une ambiance bien particulières.
Disponible sur le Bandcamp du groupe, gratuitement par surcroît, on aurait tort de ne pas découvrir Feu mortifère qui, en deux pistes, esquisse une expression doloriste rugueuse et cependant atmosphérique sous laquelle couvent des velléités évolutives sinon expérimentales. La pochette, aussi singulière que réussie, annonçait une création atypique. A raison, quand bien même ce EP tient encore du brouillon, de l’ébauche. Gageons que la suite devrait assurément peaufiner une personnalité qui ne demande qu’à s'extraire de sa gangue..