Fretting Obscurity : Das Ungl​ü​ckliche Bewu​ß​tsein

Malgré le titre de sa deuxième offrande, Fretting Obscurity n’est pas allemand mais ukrainien. L’honnêteté oblige votre serviteur à admettre qu’il ne le connaissait pas avant que Bitume Productions entame la promotion de Das Ungl​ü​ckliche Bewu​ß​tsein. Sans doute est-ce probablement le cas de la majorité d’entre vous. Une courte présentation s’impose donc.

Projet d’un seul homme, Yaroslav Yakos, Fretting Obscurty enfante le séminal Flags In The Dust en 2018 dans un registre funeral doom death sinistre et austère. Si la forme se veut classique, héritière du dolorisme pénitentiel des ancêtres Evoken et autre Mournful Congregation, le fond est plus curieux, inspiré par la littérature existentialiste. Comme son titre dans la langue de Goethe le suggère, son successeur puise quant à lui sa sève dans la philosophie présocrastique et classique allemande. Cette inspiration exigeante sinon difficile se prête bien à une expression sonore elle-même aride voire hermétique.

Prise de son dépouillée, rêche et authentique, compositions qui s’étirent toutes au-delà des dix minutes, processions engourdies et agonisantes qui semblent ne jamais vouloir s’achever, Das Ungl​ü​ckliche Bewu​ß​tsein ravive les souvenirs d’une époque lointaine et bénie, celle du doom death mortuaire des années 90. C’est un album dont toute trace de joie ou d’espoir est éconduite, comme l’annonce d’emblée ‘As In Creation Hour’, plainte immobile sans grande variation qui se mérite. Pour autant, l’oeuvre se révèle moins monolithique qu’elle n’en a l’air car le musicien prend soin d’injecter à sa peinture des petites touches discrètes qui brisent la linéarité du propos, ici de timides accélérations, là des emprunts au black metal (‘To Burn Insatiably’) ou des accords presque post metal ailleurs (‘Das Schaudern’).

Ce qui n’est toutefois pas suffisant pour aérer et polir ces tableaux qui dressent un retable stoïque. De fait, Das Ungl​ü​ckliche Bewu​ß​tsein s’adresse avant tout aux puristes d’un funeral doom dans sa dimension la plus sévère.

Childeric Thor - 7/10