Human Jigsaw Records, 2011
Dark Ambient, Irlande
10'' LP
Il était écrit que From The Bogs Of Aughiska et DARK AGES se croiseraient un jour, tous les deux bâtisseurs d'une Dark Ambient dont les obscures racines s'enfouissent dans leur terre tant historique que nationale respective. Davantage qu'un banal split, leur collaboration, bien qu'individuelle, est reliée par une idée commune : rendre hommage aux millions de victimes, irlandaises pour l'un, ukrainiennes, pour l'autre, d'une histoire ensanglantée et extrêmement brutale.
Nouveau venu mais pourtant déjà fortement remarqué, le premier fore le socle de l'Irlande qui l'a vu naître. Ces deux pistes confirment avec un éclat ténébreux un talent, celui de Conor Droney qui faisait déjà plus qu'affleurer à la surface d'un séminal et éponyme EP grâce au auquel on a découvert From The Bogs Of Aughiska, dont on comprend pourquoi Chris Naughton (ATAVIST, WINTERFYLLETH, CLOACA) l'avait signé sur son label en devenir, Lone Vigil Records. Aride et austère, le projet sculpte une bande son au souffle lugubre qui ne s'interdit pourtant pas une espèce de beauté sinistre (\"An Droshshaol\"). S'ils paraissent moins tortueux que leurs devancières, ces deux plages ruissèlent néanmoins une noirceur glaçante.
De son côté, Roman Saenko, dont DARK AGES est le projet le plus méconnu, livre un travail beaucoup plus mélodique que ce à quoi il nous a habitué avec une entité dont les premiers essais, et notamment Twilight Of Europe , résonnaient de ce sentiment de fin du monde, de déclin de la civilisation lors du Moyen-Age tardif, parabole d'une Europe contemporaine en déliquescence. Plus orchestral qu'Ambient, \"Requiem On The Black Autumn\" n'en demeure pas moins secrétatoire d'une tristesse profonde, que vient souligner un piano étonnant, lequel contribue à effacer les oripeaux funestes d'une partition jadis crépusculaire. Heureusement, \"Nameless Common Grave\" renoue avec l'inspiration burzumienne qui traverse toute l'oeuvre ambient de l'Ukranien, qui de DARK AGES à certains travaux pour HATE FOREST ( Temple Forest ), n'est pas à négliger, seulement fissurée par quelques notes de violon d'une grande sécheresse, héritage d'un folklore séculaire
Plus accessible peut-être, plus facile sans aucun doute, cette participation démontre toutefois que Saenko n'a pas (encore) tout à fait renoncé à l'Underground dont on regrette que les derniers DRUDKH puis l'album de OLD SILVER KEY en soient si éloignés. A noter enfin que cette bonne vingtaine de minutes a droit une belle édition picture vinyle forcément assez rare.