Shadow Kingdom Records, 2013
Doom Metal, Canada
CD
Sans faire de lui le Graal qu'il n'est pas (tout à fait), il n'en demeure pas moins que ce premier opuscule longue durée de Funeral Circle était particulièrement attendu par tous les adorateurs de la déesse Doom, attente justifiée par plusieurs amuse-gueules prometteurs, à commencer par le EP Sinister Sacrilege et plus encore un split partagé avec ni plus ni moins que Lord Vicar.
Publié sous la houlette du passionné Shadow Kingdom Records, l'un de nos pourvoyeurs préférés en matière de Doom traditionnel, cet album éponyme est enfin là, six ans après que ses auteurs aient vu la nuit au Canada et dans la région de Vancouver pour être précis. Sept titres structurent ce programme qui fait honneur à une certaine définition du genre, pure et authentique qu'aucun bubon extérieur ne vient jamais enkyster, qu'il s'agisse de voix caverneuses ou de nappes de claviers funéraires.
Non, Funeral Circle forge un Doom Metal classique, celui des origines, le meilleur peut-être bien. Il en respecte totalement le credo, du rythme plombé comme prisonnier d'une gangue de désespoir aux lignes vocales riches d'une solennité majestueuse, des riffs rocailleux beaux comme un chat qui dort et sculptant des câbles de tristesse (\"The Charnel God\", superbe morceau épique aux guitares flamboyantes) à cette architecture dont les racines ne s'emberlificotent pas dans de paresseuses méandres.
Ainsi, bien que souvent assez longs, les titres suivent une ligne claire, progressant vers une issue que l'on devine (forcément) funeste. Parfois construit sur un socle ramassé, à l'image de \"Scion Of Infinity\", \"The Wandering Dreamer\" ou \"Black Colossus\", pièces au demeurant magnifiques, le menu n'enclenche jamais vraiment la seconde, anesthésié par une inexorabilité douloureuse. Trop peut-être même pour toujours captiver. Une plainte telle que \"Obelisk\", du haut de ses presque 12 minutes au jus, ne parvient par exemple pas à éviter l'ennui, se trainant un peu paresseusement jusqu'à un sursaut qui ne surgit finalement jamais malgré de belles interventions du guitariste Pilgrim.
Mais c'est aussi cela, le Doom, ce monolithisme absolu, figé dans la roche que rien ne vient briser ni corrompre. En cela ce galop d'essai est une leçon. Reste qu'on n'aurait souhaité davantage de magie (noire) de sa part, relatif bémol qui ne grève en rien la robuste tenue de ces compositions grondant d'une sourde puissance dont on sent qu'elles sont le fruit d'une longue maturation. S'il n'invente rien, ce qu'on ne lui demande d'ailleurs pas, cet album éponyme se montre à la hauteur de l'espoir que ses diverses ébauches ont suscité.