La Horde Noire Webzine metal extrême depuis 2002

Gnosis Of The Witch : Dauðr Burðr Þrysvar

GNOSIS OF THE WITCH - Dauðr Burðr Þrysvar

Iron Bonehead Productions, 2014

Black Metal, USA

EP

On peut faire confiance aux têtes chercheuses d'Iron Bonehead Productions pour tamiser les profondeurs de l'underground dans ce qu'il a de plus occulte et y dénicher le genre de groupes qui de toute façon ne peuvent que proliférer dans les ténèbres, dans une obscurité qu'ils ne cherchent nullement à quitter.

Gnosis Of The Witch est de ceux-ci, fidèle au credo du black metal le plus caverneux. Identité mystérieuse, offrandes au tirage (forcément) limité et seulement éditées sous la forme noble du vinyle et de la tape, sont donc au rendez-vous. Voilà pour la forme. Le fond est à l'avenant, art cryptique qui palpite d'une énergie souterraine.

Second (petit) rituel des Américains, Daudr Burdr Prysvar rassemble quatre pistes en 20 minutes, c'est peu et pourtant déjà énorme. \"Ek Bjoda Inn\" est une amorce aux confins de la dark ambient, qui installe d'entrée de jeu une atmosphère inquiétante, porte béante sur un couloir d'où suinte une humidité glaciale, menant à l'autel où se tiendra la messe, noire, évidemment. Lui succède \"Ormar Eitr\" qui écarte tout doucement les cuisses, s'ouvrant sur des notes lentes et décharnées, avant de démarrer brutalement lorsque le rythme s'emballe tandis que le chant bestial surgit, crachant un venin pervers en une bouillie malfaisante. Tortueux et reptilien, le titre est guidé par des guitares obsédantes, scalpel mortifère creusant un sillon abyssal.

\"Svartr Ulfar Blod\", quant à lui, enfonce son dard dans un Black Metal extrêmement malsain, tout d'abord rapide, plus lancinant ensuite et nappé d'une brume de claviers fantomatiques. Et à nouveau il y a ce chant écorché qui empoisonne l'espace aussi morbide que vicié, un peu à la manière de Malefic lors des heures les plus sinistres de Xasthur. Mais le sommet de l'écoute est sans doute atteint par \"Daudipursar Seidr\" dont la seconde partie, d'une lugubre beauté, envoûte jusqu'à la transe hypnotique, véritable appel des ténèbres, allégeance aux forces sombres, fascinante dans son expression désespérée, grandiose dans sa décrépitude crépusculaire...

Childeric Thor - 8/10