Nykta Records, 2012
Black Metal, Danemark
CD
Parallèlement à son oeuvre de peintre que nous vous invitons fortement à découvrir, Mark Thompson édifie peu à peu et sans faire beaucoup parler de lui une création musicale tout aussi passionnante. DISPERSED ASHES, dont il est du reste le seul membre, lui permet de ruminer son désespoir, sa solitude au travers d'un Black Doom funéraire extrêmement personnel en cela qu'il n'use pas des durées excessives pour entraîner l'auditeur au fond d'un gouffre sans fin, recourant au contraire à un canevas plus ramassé.
Après deux démos et une première offrande vient le temps du split. Davantage que In Memoriam qu'il sauve toutefois de la banalité, coincé entre l'inconnu GRAVE SOLACE et INFINITE GRIEVANCE, c'est surtout son alliance avec Gravsorg que l'on retiendra de cet exercice obligé. Encore une fois et nonobstant l'honnête qualité de la contribution danoise, l'Allemand domine très nettement l'écoute avec son spleen mortuaire qui n'appartient qu'à lui.
Si ces nouvelles complaintes s'étirent davantage que leurs devancières, oscillant entre cinq (\"Of No Meaning\") et dix minutes (\"Undone\"), celles-ci s'enfoncent toujours autant, voire même plus encore, dans les profondeurs de la désolation la plus inexorable (\"Made Biter By It's Sweetness\"). De sa voix caverneuse comme avalée par l'obscurité, Thompson nous engourdit, aidé en cela par une guitare monolithique et un tempo au bord de la catatonie. Avec peu et notamment ce piano aux notes grêles, l'homme peint un monde figé dans une froide et infinie tristesse. Ce faisant, il démontre que DISPERSED ASHES est bien un des fossoyeurs les plus intéressants que le Funeral Black Doom ait jamais enfanté.
Forcément en comparaison, Gravsorg parait plus quelconque car dressant une verge noire aussi rapide que l'art de l'Allemand est meurtri par une lenteur pétrifiée. C'est pourtant bien lorsqu'ils pâtinent dans une lancinante décrépitude que les Danois emportent l'adhésion, témoins \"Preferred Exit Part 3\" et l'instrumental anonyme qui résonnent au son de guitares grésillantes et polluées. Reste que ces cinq titres nous donnent envie de suivre de plus près la carrière de ce modeste groupe pour l'instant auteur d'un seul album avant ce split de bonne tenue bien que déséquilibré par l'écrasante domination de DISPERSED ASHES qui possède tout simplement ce que Gravsorg ne se targera sans doute jamais d'avoir, une âme.