Dooweet Records, 2014
World Metal, France
CD
Fondé en 2007, Human Fate a commis un album autoproduit dès 2009 : Part I. Celui-ci a été réédité depuis par Dooweet Records et offre à l'auditeur une expérience originale en mélangeant allègrement Metal et musiques dites \"du monde\" (comprendre : de différentes traditions et héritages musicaux parsemés un peu partout sur le globe ; sachant qu'une musique occidentale n'est pas une musique \"du monde\" les vendeurs de la FNAC sont formels là-dessus. Bref passons...).
\"Expérience originale\" ais-je dis en introduction de cette chronique. A ces mots vous avez sursauté : \"et l'oeuvre de Max Cavalera c'est du poulet tandoori ?\" Certes non, mais à bien y regarder, depuis le Roots (Bloody Roots !!!!) de SEPULTURA peu de travaux ont su mélanger la furie électrique du Metal à des instruments et méthodes de compositions issus de cultures et de sociétés sans commun rapport avec le Birmingham des années 1968/1970 (... soit le point dans l'espace-temps où BLACK SABBATH a mis fin à des millénaires d'ennui musical). Pourtant l'extrême plasticité du Metal permet de l'hybrider avec à peu près n'importe quel autre style sans qu'il n'y perde son identité.
C'est bien beau tout ça mais on a pas encore beaucoup parlé d'Human Fate... Cet album est d'une maturité étonnante si l'on considère qu'il ne s'était passé que deux ans entre la formation du groupe et sa (première) sortie. Il est manifeste que les compositions ont intégré dès l'origine le côté \"world\" et ne juxtaposent pas les deux aspects plus ou moins maladroitement. Human Fate propose plus de destinations différentes qu'Air France (et n'est à priori jamais en grève) et enrichit sa musique d'instruments (didgeridoo et tout plein d'autres) qui épicent singulièrement ses compositions. Sur les passages les plus énervés Human Fate prend un visage plus Metal Harcore (assez bourrin-dans-ta-gueule à la HATEBRRED) mais l'ensemble fonctionne vraiment bien (j'allais écrire \"en harmonie\"...) sur les 44 minutes que dure ce Part I. L'album s'exonère de toute linéarité en jouant sur de nombreuses colorations musicales différentes.
Human Fate n'a rien d'une copie de SOULFLY ou de groupe de Prog' chiant qui essaie à tout prix de caser ses influences dans des compositions à rallonge. C'est (paradoxalement ?) en empruntant un peu partout autour de lui qu'Human Fate se forge une personnalité originale et unique.