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Idolos : 132019

Adipocere Records, 2025

Cosmic Black Metal, Vénus

Album CD

En vue d’un cataclysme imminent, Idolos part en quête afin de nous faire prendre conscience du rôle que nous jouons dans notre propre finitude, nous pauvres terriens que nous sommes. "Vous êtes arrivés à une forme de maturité cognitive vous permettant d’appréhender la suite, c’est-à-dire, de devenir les maîtres d’une forme de changement. Notre message a donc été abordé différemment. Nous avons décidé qu’il était temps de vous accorder notre confiance en vous proposant un format plus long et plus exigeant."

Deux entités en provenance de Vénus délivrent ce message au travers de deux musiciens (NnK et MgRcH), un premier album qui succède à trois EP. Les porteurs de message parlent dans une interview de Christelle Weber pour le magazine Metallian d’une certaine urgence quand à la délivrance de ce dernier avertissement. Une prévention ou un état de fait catastrophique d’une population lointaine gardant un œil sur notre Terre qui se meurtrit, qui tremble toujours plus et perd son eau. En contact avec la Terre depuis 2020, la Venusian Foundation livre les enseignements d’un futur promis aux Terriens, sous forme de black metal.

Le prologue (« Prolegomenes ») entame le voyage au gré de sons synthétiques et aériens. L’orgue Venusien se règle tandis que les ordres sont dictés comme une notice de bord par message radio. Sur ce nouvel opus, la voix gutturale s’étend vers une plage plus aiguë, confirmant un développement de la technique. L’ambiance pèse sous la lourdeur des riffs et la profondeur des vocaux parfois expulsés jusqu’à l’anhélation. Les notes progressives et lunaires proposées par les sous-fifres des extraterrestres dévoilent un large panel de compositions dès le second titre « Thick Fiery Hair », une description distincte d’un mal-être révélé par la bienveillance, un égarement sidéral où se rencontrent nos âmes humaines et cette puissante venue d’ailleurs. Les cris désorientent ou oppressent, les cordes franchissent le pas, nous élèvent et nous portent. La pesanteur prend un autre sens. La gravité n’est plus la même. Sans trop de dissonance, Idolos s’inscrit dans un black atmosphérique épique, puissant et furtif.

L’ambiance est par moment cinématographique, les compositions traduisent une intensité libérée avec entrain et grandeur d’âme. Le solo sur « Permanent Separation » embellit l’environnement sonore et le champ lexical de la formation. Le black metal d’Idolos  se définie par des accents presque heavy grâce aux riffs, solos et sonorités des guitares. La frontière n’est pas loin avec de l’atmo bien évidemment car les nappes électroniques et la profondeur abyssale des instruments référent bel et bien du domaine du cosmique. Les notes de synthé peuvent rappeler un certain Blood Incantation pour ne citer qu’une révélation récente, bien que les guitares aux notes suspendues peuvent s’en référer à pléthore de formations issues du black atmosphérique (cf ''The Last Door'').

Le chant est ici retranscrit en anglais pour une plus ample compréhension par les humains. L’écriture se compose de différents descriptifs d’histoires contées par les Vénusiens. L’absence de corps textuel (couplet / refrain) rend l’ensemble inhabituel mais la musique se charge de diviser les parties qui composent chacun des rites. La musique d’Idolos  s’apprécie donc sur le ressenti pur et l’élévation de soi, deux sentiments inhérents au propos inculqué par les maîtres cosmiques. La confidence, le partage et l’avenir deviennent nos seules attentes et parviennent à nous extirper d’une lassitude terrestre.


 

Tom Hunter - 8.5/10