Herbert West Productions, 1995
Black Metal, France
Demo Tape
S'il a édité (en cassette) le premier signe de mort de Roi Rouge, Tant que je respire, j'espère, Herbert West Productions, label aussi précieux que passionné, s'est surtout donné pour but de tamiser la scène extrême française des années 90, déterrant des reliques auxquelles il offre une second vie telles que la démo de Yuggoth (Forgotten Lust) ou un lointain EP de Supuration (Still In The Spheres). Un groupe semble particulièrement l'intéresser, il s'agit de In Articulo Mortis dont il avait déjà exhumé en 2016 l'album inédit, le très justement nommé Testament, et qu'il honore à nouveau en ressuscitant Sombre mélancolie, second brouillon gravé par cette formation trop tôt disparue qui évoquera sans doute bien des souvenirs aux vieux cons qui ont vécu l'émergence de la chapelle noire non seulement hexagonale en générale et plus particulièrement celle enracinée dans le Sud de la France et dont In Articulo Mortis fut un des acteurs aux côtés des Mutiilation ou autre Blessed In Sin à la destinée évidemment plus fameuses sinon culte. Il est d'ailleurs étonnant que le black metal français ait tout d'abord proliféré dans les régions les plus ensoleillées, ce qui conféra pourtant à ces hordes noires cette aura unique.
Et encore une fois, Herbert West a soigné l'exhumation de cette démo : nouvelle pochette (magnifique de surcroît), noble digipack ou cassette agrémentés de photos et des textes des chansons ainsi que deux titres bonus issus de la Promo Tape de 1994, versions primitives de 'My Underwater Queen' et 'La rose et le marbre' à la fois déjà présent dans le menu principal et au sein de Testament où figurait également le morceau 'Succubus'. De fait, pour qui a écouté cet opus fantôme, la défloration de Sombre mélancolie ne présente pas beaucoup de surprises. Mais son intérêt réside peut-être finalement ailleurs. Outre l'occasion qu'elle offre de savourer d'excellentes compositions (à commencer par l'obsédant 'My Underwater Queen', assurément une des plus belles pièces enfantées par le groupe) saignées dans un art noir ténébreux et néanmoins mélodique, cette réédition nous replonge dans une époque révolue qui doit autant au charme de la première fois qu'elle exsude, ces premiers balbutiements, presque une forme d'innocence sinon de naïveté alors que tout restait (encore) à faire, qu'à cette atmosphère toute particulière liée au Sud de la France qui l'a vu naître.
Bref, à sa manière, sans doute modeste (mais pas mineure), Sombre mélancolie est un morceau d'histoire. Un temps qui voit le genre essaimer sur notre territoire, fort de ses particularismes, un temps surtout où sans Internet et l'accès illimité et facile à la musique, chaque découverte musicale tenait du Graal, était chérie, méritée. Comme un trésor connu d'une poignée. C'était cela le black metal. C'était cela In Articulo Mortis.