Infestus : Chroniken des Ablebens

De mon point de vue, il est rare de voir traverser le Rhin des groupes proposant un black métal bien ficelé. Et pourtant, Infestus est de ceux-là. « Chroniken des Ablebens » est le quatrième méfait de ce groupe germanique. Ne connaissant par les précédents albums, je découvre la musique de Infestus par cet opus : voix démente (peut-être trop en retrait dans le mixage), riffs rapides portés par une double-pédale qui ne connait pas le mot « grève », basse au son gros et grave qui remplit bien l'ensemble : nous possédons ici tous les ingrédients qui révèlent un black somme toute très traditionnel. Mais attention : derrière une étiquette de « true » black metal peut-être trop rapidement fixée à la vue d'une pochette évocatrice (un dessin typé gravure illustrant des suicidés sur fond noir/blanc/grise), Infestus révèle une certaine finesse qui manque souvent aux groupes allemands : au détour des riffs, se dévoilent de multiples facettes atmosphériques ou ambiantes. Ces passages sont bien amenés et bien dosés, faisant baisser le tempo pour mieux renforcer la tension palpable dans cette œuvre. Nous sommes loin des groupes dépressifs très en vogue, et encore plus des groupes symphoniques ou folkloriques. Infestus a décidé, sans prétention, d'agréger une once de majesté dans son black metal. Sans réinviter le style, cet album est honnête et bien fichu. Notons que le découpage de la set-list peut étonner : elle ne comporte que sept longs titres, eux-mêmes regroupés en trois phases conceptuelles suivant la démarche des âmes suicidaires. Deux plages sont vides, pour mieux dissimuler un morceau caché.

Autocratôr - 07/10