Avantgarde Music, 2021
Black Metal atmosphérique, France
Album vinyle
Comme on disait dans les années 70, en France, on n'a pas de pétrole mais on a des idées. Et on a surtout d'excellents groupes ! Les meilleurs d'entre eux ne sont d'ailleurs pas nécessairement les plus connus. Preuve en est fournie par Inherits The Void, one-man band basé à Clermont-Ferrand dont la maîtrise précoce d'un black metal plein d'une massive luxuriance force le respect. Label culte, Avantgarde Music ne s'y est pas trompé, flairant dès le séminal Mémoires (2020) le potentiel de Antoine Scholtès, auteur unique et complet de ce projet. A l'heure où vous lirez ces quelques lignes, celui-ci aura déjà livré un deuxième album, The Impending Fall Of The Stars mais il n'est cependant pas trop tard pour déflorer son prédécesseur dont il érige le socle, intense et emphatique, et qu'Antoine a eu la gentillesse de nous en faire parvenir un exemplaire en vinyle.
Le détail a son importance car seul ce format permet d'admirer la superbe pochette qui sert d'écrin à Monolith Of Light dont elle constitue le premier contact. Froid et futuriste, ce visuel semble annoncer un contenu assurément moderne, peut-être évidé dans un death metal technique. Moderne, il l'est. Technique également mais point de death à l'horizon puisque Inherits The Void explore les contrées ténébreuses de l'art noir suédois des années 90, citant comme référence Disssection ou Vinterland. Pour autant, cette souche ne saute pas aux oreilles car notre hôte a su les digérer, les faire sienne, les couler dans un creuset plus contemporain et noueux qu'il serait tentant d'arrimer à un substrat tentaculaire très français, celui des The Great Old Ones, Déluge et consorts. Mais ces quelques influences, aussi réductrices soit-elles, ont au moins le mérite de poser un cadre, d'esquisser un univers bourgeonnant au canevas tendu, empilement de strates qui se chevauchent en un édifice vertigineux.
Malgré sa courte durée, moins de quarante minutes au compteur, Monolith Of Light impose pourtant une impression de foisonnement, à laquelle participe l'extrême densité de compositions qui racontent beaucoup de choses en très peu de temps, sans s'étaler. Corollaire de cette prolifération, leur écoute se révèle intense, réclamant une grande concentration pour en déceler tous les trésors, pour en butiner toutes les richesses tapies sous ces couches cyclopéennes. Mais l'une des grandes forces de Inherits The Void réside dans sa capacité à ne pas étouffer les mélodies, à ne pas museler les émotions dans cette masse sonore, ce magma vicié et torrentueux; à l'instar d'un 'Through The Eyes Of Cosmos' dont le maillage ultra serré ne lui interdit pas de faire jaillir de ses arcanes d'une évidente beauté.
Bloc indivisible d'un black atmosphérique néanmoins acéré qui se dresse dans la nuit dans toute sa colossale froideur, Monolith Of Light est un premier album d'une insolente habileté, affichant un potentiel énorme que The Impending Fall Of The Stars non seulement confirmera mais amplifiera.