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Istina (Истина) : Revelation Of Unkbown

Auto-production, 2018

Black Metal, Russie

Album CD

Son pollué, guitares noyées sous une épaisse croûte de brouillard, vocalises hurlées qui percent une nuit sale comme le flot menstruel, Откровение неизвестности nous évoque les premiers pas agonisants de Xasthur et certaines de ses meilleures offrandes, Nocturnal Poisoning et To Violate The Oblivious en tête. Tout y est, jusqu'à ces ambiances grêles, ces atmosphères sinistres et fantomatiques qui tapissent les parois de longues complaintes aux allures de râles mortifères.

Hommage inspiré ou simple copie, la question peut se poser mais n'a finalement pas grand intérêt car le principal est ailleurs, dans le fait que Истина n'en livre pas moins avec ce deuxième méfait l'album que tout les admirateurs de Scott Corner attendent depuis (très) longtemps. Rien de moins. Mais quand on s'étonnait de voir naître une musique aussi suicidaire que celle ruminée jadis par Xasthur, en Californie, terre ensoleillée du paraître et du conformisme, l'origine géographique des deux auteurs de ce Revelation Of Unknown (en anglais), ne surprend pas en revanche, la Russie  possédant tout l'arsenal aussi bien culturel que climatique propice à l'érection d'une chapelle noire et dépressive.

Au socle xasthurien plein d'une décrépitude morbide, vient d'ailleurs se greffer une patine plus lugubre et glaciale encore, comme un marqueur de cette identité sibérienne. Fidèle au patron utilisé par l'Américain, Истина accouche d'un opus extrêmement long, étirant sur près de soixante-dix minutes (pour douze titres) cet art noir funèbre avalé par une obscurité opaque aux allures de linceul. Plus l'écoute avance, plus les contours de chaque morceau semblent s'effacer en une bouillie sonore.

De fait, il paraît presque impossible d'isoler une piste plutôt qu'une autre tant elles se confondent un peu toutes, agrégées en un bloc dressé telle une verge cyclopéenne striée de nervures tentaculaires. De son méat béant comme un vertigineux cratère s'écoule un suint charbonneux et désespéré. Un mal être inexorable s'échappe de ces hurlements écorchés comme si demain ne devait pas exister. Derelict vicié, Откровение неизвестности a quelque chose d'une errance pétrifiée à travers un monde souterrain qui ne peut être que celui des morts eux-mêmes et que sa durée extrême rend plus étouffante encore. L'emprunter revient à s'engouffrer dans un tunnel au bout duquel aucune lumière ni espoir ne surgissent jamais.

S'il n'était pas signé Истина, Откровение неизвестности pourrait être le plus bel album de Xasthur depuis le split partagé avec Leviathan

Childeric Thor - 8/10