No Colours Records, 2011
Black Metal atmosphérique, Ukraine
LP
Si ses dernières offrandes restent largement au-dessus du tout venant du Black à tendance atmosphérico-païen, le fait est que DRUDKH a tout de même perdu une bonne part de sa magie sinon de son inspiration depuis Microcosmos . Forgotten Legends , Autumn Aurora et Blood In Our Wells et leur sinistre flambloyance paraissent loin désormais. Et ne parlons même pas de HATE FOREST, qui de toute façon ne saura jamais remplacé. Bref, l'aura qui entourait Roman Saenko s'étiole petit à petit, quand bien même, répétons-le, Handful Of Stars (DRUDKH), Tales Of Wanderings (OLD SILVER KEY) ou Sun In The House Of The Scorpion (BLOOD OF KINGU) ne sont pas sans qualité, bien au contraire.
Et finalement, c'est presque davantage vers Thurios (ASTROFAES), son éternel acolyte, son frère d'arme qui est de tous ses projets (hormis DARK AGES), qu'on est tenté maintenant de se tourner pour retrouver ce qui faisait jadis le charme de ce Black Metal ukrainien exaltant le froid et la solitude. S'il n'en est pas la pièce principale puisqu'il a tout d'abord commencé sans lui sous la houlette du dénommé Dimitriy K., qui se charge de tous les instruments, nul doute toutefois que Kladovest doit beaucoup au chanteur, lequel lui apporte cette fielleuse apreté qui manquait sans doute au premier album éponyme.
Plus proche de DRUDKH que de HATE FOREST, dont il n'est pas pour autant une simple resucée, ce sont de longues complaintes mid-tempo que le groupe forge. Riffs grésillants et sécrétatoires d'une mélancolie forestière et vocalises qui râpent définissent un socle lugubre où la négativité n'est pas sacrifiée sur l'autel des ambiances, comme l'ont illustré le galop d'essai et surtout Escape In Melancholy , lequel restaurait l'éclat automnal du DRUDKH originel.
Atmosphere creuse un sillon identique avec une égale réussite. A l'image de son prédécesseur, il déroule quatre pistes certes vierges de quelconques surprises en cela qu'elles macèrent dans le même humus que Forgotten Legends mais qui réuissent là où Roman Saenko échoue aujourd'hui, si tant est que ce soit ce qu'il recherche, ce dont on peut douter comme l'a montré Eternal Turn Of The Wheel . Davantage que \"The Tree\", plage assez courte et sans génie, c'est bien lorsque Kladovest s'embourbe dans une lancinante décrépitude, comme il le fait - si bien - lors du terminal \"Fragments Of Sky\", qu'il parvient (presque) à nous faire oublier son aîné.
L'album porte admirablement son nom, il est imprégné d'atmopshères, celle de ces fôrets d'Europe centrale autour desquelles une bonne part du Black Metal ukrainien ou polonais s'est façonné. \"Absurd\" et plus encore \"Autumn Breath\" libèrent des fragrances boisers, captant l'âme de ces profondes étendues, de cette sylve à la lugubre beauté. Un grand disque.